Au sud-est de Kaboul, le gisement de cuivre d’Aynak (Afghanistan) sera bientôt exploité par le groupe chinois MCC (China Metallurgical Construction Corp) : avec 240Mt de réserves à ciel ouvert, c’est la plus grosse mine vierge au monde. Battant en nov. 2007 quatre offres concurrentes, cette firme d’Etat s’engageait à investir 3MM$ dans une route, une liaison ferrée (la 1ère du pays) Pakistan-Ouzbékistan, une centrale électrique de 400Mw pour alimenter Kaboul et la fonderie. Sans compter la base-vie, les écoles, les hôpitaux, l’adduction d’eau… Grâce à ce chantier le plus gigantesque qu’ait jamais connu le pays, d’ici 2016, 50.000 emplois locaux seront ouverts, dont 10.000 directs. 60 ingénieurs entament leur formation en Chine en 2010. La Chine en retirera 20 à 30 ans d’approvisionnement en ce minerai. Le cabinet Karzai lui, aura des centaines de millions de US$ en royalties.
Mais il y a loin de la coupe aux lèvres : depuis la signature, le bassin de 28km² a été infiltré par des Talibans décidés à empêcher une paix incompatible avec leur projet de république intégriste. Le danger est réel : le 3/03, une bombe a détonné, blessant trois policiers afghans en faction : les travaux sont interrompus, le temps de déminer.
Or, voilà que survient un tournant, plus improbable que le plus fou des scénarii de politique-fiction: l’US Army vole au secours de la firme socialiste, en déployant 2000 hommes de la 10ème Division de montagne de Fort Drum (NY) le long de la route et autour des bases des travailleurs chinois, entre les provinces de Logar et de Wardak. Sans doute envisagée sous le gouvernement Bush, cette synergie sino-américaine ressemble plus à Obama, et à sa stratégie de nouvelle donne. Par cette action, les Etats-Unis épaulent la Chine, et réciproquement. Donnant à la firme chinoise MCC les moyens de réussir, ils pourraient inciter Pékin à participer à la défense antiterroriste. Pékin y aurait intérêt, dans cette zone de tous les dangers, voisine de son propre Xinjiang. Pékin pourrait aussi soutenir financièrement cette armée américaine, garante de la survie de son projet stratégique. Enfin les USA pour leur part, pourraient étudier les méthodes d’aide chinoise au tiers monde, bien moins onéreuses que celles de l’Occident.
Il ne faut pas s’y tromper : cette expérience confiée, pas par hasard, à une firme d’ Etat (seule assez solide pour affronter ce risque politique), comporte un enjeu planétaire. En Afghanistan, terre vierge, 1000 gisements sont à prendre, de matériaux précieux tels or, pierres précieuses, uranium, 238Mm3 de pétrole, 424MMm3 de gaz, 1,2MMt de minerai de fer à 62% sur le site de Hajigak – dont Kaboul prépare d’ailleurs la mise en adjudication. Candidats : l’Inde—et la Chine !
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