En 2009, Pékin a complété son parc auto, au rythme habituel -1500 voitures neuves par jour. Cette donnée permet de relativiser les mauvaises nouvelles de janvier, telle la chute du commerce intérieur reflétée par celle de l’inflation à 1%. Tel l’appauvrissement de l’Etat de 17% : le niveau central engrange 296MM¥ de recettes (-28%), mais les provinces ne perdent que 2,7% (recevant 316MM¥), ayant reporté sur Pékin l’essentiel du manque à gagner. L’investissement direct étranger (IDE) a chuté: 7,54MM$ en janvier (-32%). L’export auto a baissé de plus de 50% en décembre: il est temps, pour des firmes comme Chery, de mettre 500M$ en Argentine d’ici 2013, dans une usine de 50.000 voitures/an pour contourner le mur protectionniste et fournir le Cône Sud en voitures low cost. Enfin Canton renforce la sécurité, multiplie les caméras électroniques et les agents en civil pour prévenir sabotages et braquages, suite aux multiples fermetures d’usines pour migrants.
Fondamentalement, l’Etat semble avoir opté, par sa relance du crédit, pour un coup de fouet à la consommation et un taux de change plus flexible, ce dont le G7 le félicite. Pourtant, selon un témoin, 90% des emprunteurs en banque sont éconduits, et s’adressent aux 3000 monts de piété du pays, qui prêtent à 40% l’an…
Plus que jamais, la priorité va à l’emploi, et surtout à celui des diplômés—car les migrants retournés au village, pour l’heure, se tiennent calmes, et trouvent même du travail, surqualifié et sous payé -«mieux que rien», disent-ils, philosophes. Pékin s’apprête à faire prendre le même chemin -vers les campagnes du centre et de l’Ouest aux 1,2M de diplômés chômeurs, et aux 6M qui s’annoncent. Ils seront «encouragés» à faire employés de mairie, instit, docteur ou militaire. En retour, ils obtiendront la sécurité sociale et leurs frais universitaires remboursés et plus tard la priorité d’accès aux hautes études et à l’administration. Un avantage tacite, pour l’Etat, est de neutraliser ces « enfants gâtés intellectuels » potentiellement turbulents, et les confronter aux réalités sociales—comme leurs parents, 40 ans plus tôt, lors de la Révolution culturelle !
Enfin la fragilité de ce « printemps dans l’hiver » apparaît vite. 40% de l’argent prêté en janvier (97MM$) pour des projets industriels, a été détourné vers la bourse, qui monte de 31%. Mais le 18/02, elle rechute de 2,6%, suite au constat des actionnaires que les profits ne sont pas au rendez-vous. L’acier rechute de 4,7% dans la semaine, faute de clients. Les grands groupes, qui s’apprêtaient à placer des titres (Baosteel : 2,2MM$, Poly le groupe immobilier, 1,1MM$) se lamentent, «l’accalmie aura été éphémère» : perdant à la seconde leur optimisme fragile, et volontariste.
Sommaire N° 6