«La Chine n’est pas responsable des difficultés actuelles dans la relation franco-chinoise», assurait Xinhua le 10/02, tandis que Wen Jiabao accueillait avec visible plaisir l’ex-1er ministre J.P. Raffarin, venu tenter de faire des «efforts effectifs et positifs pour réparer les dégâts du passé» : s’excuser sans en avoir l’air, pour la rencontre du Président N. Sarkozy avec le Dalai en décembre. Cependant, comme pour remettre de l’huile sur le feu, c’est le moment (12/2) que choisit le ministère des affaires étrangères pour revendiquer la restitution par Paris de 2 bronzes du Palais d’Eté, aux enchères chez Christie’s : « oeuvres pillées… par des soudards»… Puis dans la semaine, se succèdent cinq autres heurts avec cinq autres pays, dénotant de la nervosité du moment :
– Rome nomme (9/02) le Dalai Lama citoyen d’honneur. Protestation du ministère des affaires étrangères, sourd à l’explication de l’Italie, qui plaide qu’elle ne peut faire pression sur ses mairies.
– Le 10/2, après l’octroi par le Canada d’un permis de travail à un transfuge chinois, plainte de Pékin qui préfère ignorer que la justice canadienne est indépendante.
– Le 10/02 à Baden Baden, le Dalai Lama reçoit le prix 2008 des Media allemands – et alerte ses auditeurs sur la «menace pesant sur la culture tibétaine».
– Le 12/02, Pékin se dit «intensément soucieux» d’une corvette de guerre que le Japon aurait stationné dans les eaux des îles Diaoyu-Sankaku, disputée par les 2 pays, et
– Le même jour, par presses interposées, Inde et Chine voient monter les soupçons réciproques : escarmouche navale (supposée), blocus indien sur les jouets chinois pour cause de qualité, menaces de rétorsions chinoises, à commencer par une plainte OMC.
Pourtant depuis plus d’un an avec Tokyo, cinq ans avec Delhi, de gros efforts mutuels ont été accomplis pour normaliser et jusqu’à l’automne officiellement, c’était le beau fixe.
Sur le fond, ces incidents semblent pouvoir être ramenés à une baisse d’image de la Chine parmi les populations clientes de la Chine, à mesure que disparaissent leurs emplois traditionnels décimés par ses exports à prix imbattable. Un phénomène antérieur à la crise, mais exacerbé par elle. Or, la Chine a l’habitude des temps difficiles, mais n’est pas championne en communication, et ne supporte pas de se sentir rejetée -car à part s’enrichir, la chose qui l’obsède, est d’être accueillie au club des nations, dans sa place historique de grande nation. Phénomène aggravant : la fièvre cocardière, notamment sur les questions de Taiwan et du Tibet. Tout ceci lui donne hors frontières l’image d’un monolithe inquiétant, alors même qu’elle est persuadée agir en son droit. En somme, plus que jamais les deux bords ont besoin de se comprendre, par l’entremise de bons diplomates qui se connaissent et se font confiance, comme Wen Jiabao et Raffarin.
Sommaire N° 5