Le gouvernement continue sa chevauchée solitaire pour garder le moral des troupes, attendant des jours meilleurs.
« Les chiffres sont terribles, et l’environnement effrayant», dit Ken Peng de Citigroup, voyant les dégâts de janvier : l’export plongeant de 17,5%, l’import de 43%. Tout en sachant que ce mois, chunjie oblige, comptait 5 jours oeuvrés de moins, on avait plus vu cela depuis 1998. La moitié des usines de jouets ont fermé—il n’en reste que 4388—le secteur n’a pu qu’égaler ses ventes de 2007, à 8,6MM$.
On voit pourtant de bonnes nouvelles aussi.
Suite à l’énergique intervention de l’Etat, le crédit semble rétabli, avec en janvier, pour 237MM$ de prêts bancaires et une masse monétaire « M2 » augmentée de 18,8%, rythme le plus rapide depuis plus de 12 mois. Lu Ting, de Merrill Lynch (HK) croit que la Chine est le seul pays à avoir rouvert si nettement le crédit—au risque, il est vrai, d’altérer la croissance future, car «gare aux mauvais prêts». Apparaît un plan d’aide à la construction navale, veuve de 10MTJB en commandes résiliées et qui devra survivre en 2009 avec des commandes nouvelles d’à peine la moitié des 58M TJB de 2008. Aussi l’Etat, tout en recourant à des mesures de bricolage, tel le refus de licence aux nouveaux chantiers et la « casse » obligatoire pour les « cercueils flottants », ordonne aux banques de financer le crédit des commandes intérieures et étrangères -emportez le bateau, payez quand vous pourrez.
Autres embellies : la remontée de l’acier et du cuivre (12% depuis octobre), les stocks épuisés. Remontée ferme aussi de la bourse (24% depuis le 1/01 à Shanghai et 4,7% dans la semaine), avec deux lectures opposées. Pour JP Morgan, qui constate le 11/02 un record historique du nombre de transaction à 32MM, c’est l’aube de la reprise, et la confiance revenue, qui devrait « bientôt » contaminer les marchés automobiles et de l’immobilier. Tandis que Goldman Sachs ne veut pas déjà y croire, et avertit que cette reprise boursière est intenable et non durable.
Parmi d’autres mesures envisagées, figure l’engagement de ne pas lier aux 585MM$ de crédit publics une condition d’«achetez chinois». Pour deux raisons : d’abord, la Chine, de toute manière, ne fait que cela, et d’autre part, c’est un clin d’oeil à l’Amérique de Barak Obama qui elle, a attaché à son propre paquet plusieurs obligations de « buy american » . Cet autre projet d’un centre de recherche du ministère des finances, fera du bruit, s’il est appliqué : baisser le cours du Yuan, des 6.83/1$ actuels, à 6.93/1$. Mais là, ce serait le signal des hostilités, pour les USA, et la course aux rétorsions. Zhou Xiaochuan, gouverneur de la Banque populaire de Chine veut à tout prix éviter, en promettant d’ « éviter les grandes variations du Yuan » – pour l’instant, et même, de continuer à acheter des bons d’Etat américain—malgré la certitude d’y perdre !
Sommaire N° 5