Editorial : Le Parti communiste chinois entre bilan et avenir

Du 5 au 7 décembre 2009 s’est tenue, en toute discrétion, la Conférence économique centrale, rassemblant une centaine de décisionnaires du pouvoir central, provincial et financier. Dans son laconique bilan, ce conclave confirme le maintien de la ligne de stimulus et de crédit en 2010, pour une croissance « stable, relativement haute ». Sans surprise, comme G8 et Fonds monétaire international, elle estime sa reprise en 2009 (d’une croissance attendue de 8,4%) trop aléatoire pour baisser sa garde.

A lire de plus près, on discerne aussi en ce plan la volonté de resserrer doucement les écrous, sans affoler investisseurs ni bourse. Officiellement, les banques ne prêteront plus que 8 trillions de ¥uans en 2010, après les 10 trillions de 2009. De même, on pressent un départ de l’actuel système de répartition des crédits publics du monde productif, vers celui de la consommation: idée-force du moment, qui tente de prévenir un risque systémique majeur. En effet, 2009 a vu le ratio consommation/PIB chuter à 48,9%, contre 75% ou plus, en d’autres pays émergents, tels le Brésil et l’Inde.

Dans ce contexte, le pouvoir maintient en 2010 des incitations à l’accès au logement (1er logis ou occasion à restaurer). L’assouplissement du hukou (permis de résidence fixant les Chinois à leur lieu de naissance) dans les villes petites ou moyennes devrait soutenir l’immobilier, l’automobile et l’électronique. L’action se combine au projet de renforcement de la représentation du monde rural au Parlement, effort politique d’égalisation des chances avec le monde urbain.

Toujours dans ce but de rassurer, l’Etat ne fait que suggérer son plan (pourtant très volontariste) de concentration des secteurs, par fusions et fermetures de petites unités. La flambée des prix (6-15% dans l’alimentaire) est surveillée -mais l’inflation n’est pas redoutée, du fait de la surcapacité industrielle. L’export sera relancé tous azimuts : aides, diversification des stratégies, chasse aux nouveaux marchés.

Enfin, reportée depuis des années, la hausse des «commodities» sociales (énergie, eau) est inéluctable.

En politique étrangère, Hu Jintao présente un genre de testament politique, voué à entrer dans la Charte du Parti, comme hier les « 3 représentativités » (三个代表) de Jiang Zemin. Renonçant au dogme de Deng Xiaoping de profil bas en diplomatie, Hu plaide pour une «responsabilité partagée», et une «participation enthousiaste» dans les affaires du monde : c’est-à-dire un engagement limité du pays dans la résolution des crises.

Dernier arrivage sur la scène politique : cinq probables leaders «de la 6ème génération», qui tiendront le pays en 2022.

Sun Zhengcai, ex-ministre de l’agriculture, Hu Chunhua ex-Secrétaire du Hebei dirigeront la Mongolie Intérieure et le Jilin. Ils ont 46 ans, 11 d’avance sur l’âge moyen d’accession à ce grade. Mme Sun Chunlan, n°2 du syndicat unique devient secrétaire du Parti du Fujian (1ère femme dans cette fonction en 22 ans). Cette relève reflète l’actuel équilibre des forces au Parti communiste chinois : « Petit-Hu », Hu Chunhua est proche du Président (mais non apparenté), Sun Zhengcai est vassal de Xi Jinping.

C’est le système de succession gedai (各代) inventé par Deng Xiaoping, qui démontre ici sa vitalité: interdit de choisir son dauphin direct (afin de prévenir le retour à la dynastie), le n°1 désigne le suivant. De la sorte, ce leader ne règne que 10 ans, et le Parti s’épargne les guerres intestines du passé, dont la dernière, en 1989, avait servi de base aux événements de Tian An Men. Mais il y a un risque que le n°1, désigné avant maturité et selon des critères de camarilla, non de mérite, puisse à l’usage, s’avérer décevant…

 

 

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