Pour le futur traité de Copenhague, les nations européennes travaillent fiévreusement ensemble, commis-voyageurs du COP15 entre les continents. N. Sarkozy était le 26 à Manaus (Brésil), le 27 à Trinidad. JL. Borloo le ministre français de l’environnement était le 26/11 à Pékin chez le Vice 1er Li Keqiang, après avoir visité Bengladesh, Cambodge, Laos (etc.), avant de rencontrer le 1er ministre russe Vl. Poutine, puis 30 ministres africains…
«Mr Climat» en France dénonce les sceptiques qui proposent de reporter l’accord global, parlant d’impréparation. «Après 2 ans d’entretiens, toutes les données sont connues—il n’y a plus qu’à agir». L’heure n’est pas au marchandage : « Le COP15 n’est pas l’OMC, mais une cause commune. Chacun apporte ce qu’il peut sans regarder chez l’autre ».
Tous les grands pays, poursuit-il, ont remis leur offre de coupe, entre 25 et 40% d’émissions. Les Européens feront 30%, le Japon 25%. USA et Canada sont des cas à part, offrant des taux inférieurs aux autres pays industrialisés et réclamant de la «flexibilité». Borloo égratigne les USA, « grand pays ami » mais incapable d’envisager un effort supérieur à 4% de coupe des émissions de 1997 (référence de Kyoto). Mais peu importe : il faut avancer, pour permettre à tous les pays d’atteindre en 2050 l’objectif de 2t de CO2 émises/an par habitant. Ce retard des Américains pourra se rattraper 3 ans plus tard.
De même pour les pays émergents : l’offre de la Chine est acceptable, vu son engagement depuis deux mois de partager l’effort de coupes d’émissions, et sa présentation d’un chiffre. Vu aussi son évidente conviction que la décarbonisation de toute activité (industrie, agriculture, commerce, transport…) est le creuset des richesses de demain. Sur ce dossier, France et Chine sont à l’unisson.
Reste la question des pays démunis. Selon l’ultime rapport du GIEC, la Terre va souffrir sous 50 ans un réchauffement minimal de 2°C. Face aux violences climatiques et à la sécheresse, bon nombre d’Etats ne pourront l’affronter faute de moyens (40cm de remontée des mers = 30M de réfugiés) : toute l’Afrique, Bengladesh, Cambodge, Laos risquent leur croissance et 43 îles comme les Maldives jouent leur existence. Pour ces pays, dit Borloo, l’humanité doit constituer un fonds de ressources prévisibles, additionnelles à l’aide au développement déjà en place : 500 à 600MM$ d’ici 20 ans, soit 30MM$ par an. Un autre fonds de 5MM$ par an est nécessaire pour les pays pauvres à grandes forêts -la déforestation étant source de réchauffement global.
Pour Copenhague, l’équation est posée. Il faudra établir la clé de répartition des coupes de CO2, préciser les financements publics pour pays vulnérables, fixer les pics des pays émergents, créer un organe spécialisé. La suite, l’enveloppe légale peut (un peu) attendre.
Sommaire N° 39