Temps fort : Le point de vue Chinois : du ‘ chat noir ‘ au ‘ chat vert ‘

Jusqu’à la veille du sommet climatique du COP15 de Copenhague, (Conference of the Parties 7-18/12) des palabres intensives se poursuivent entre Chine et autres partenaires. L’ultime rendez-vous préparatoire a lieu le 30/11 à Nankin: le Sommet Europe-Chine, que Pékin prépare à sa manière, en publiant (26/11) ses offres, qu’il différait depuis des années, de 40 à 45% de baisse d’intensité carbonique d’ici 2020, sur base de 2005. Pas de baisse en volume absolu : au nom du droit de pays pauvre à poursuivre sa croissance, la Chine n’accepte de réduire que son gaspillage d’énergie.

Par son timing, l’annonce suggère une concertation avec Barack Obama. 10 jours en arrière à Singapour (au Sommet de l’APEC), Obama avait harmonisé ses positions avec Hu Jintao. Le 26/11 à Washington, Obama faisait sa propre offre (17% de coupe en 2020 et 83% d’ici 2050). Le même jour, la directrice de l’ONG chinoise Climate Group, prédisait la proposition du pays, laquelle était officialisée dès le lendemain.

Aussi, le ministre de l’environnement Xie Zhenhua multiplie les reproches aux Occidentaux: n’avoir pas tenu leurs promesses de coupes d’émissions, ni transféré de fonds et technologies aux pays démunis ; ne pas offrir assez pour le COP15; pour l’Amérique, n’avoir pas ratifié le protocole de Kyoto, et pour l’Occident «hypocrite», tenter à présent d’en changer les règles, qui exemptent les pays «pauvres» de tout effort de coupes contraignantes. Ces critiques servent à contrer celles de certains pays riches, accusant la Chine d’effort insuffisant.

Heureusement, l’enjeu du COP 15 pour la Chine, n’est pas qu’un simple jeu de tapis vert. En cas de mauvaise réponse au réchauffement climatique, elle a beaucoup à perdre. Selon « from bread basket to dustbowl », l’étude juste publiée par McKinsey avec la NDRC (National Development and Reform Commission) et l’Académie agronomique, 35M de paysans du Dongbei et surtout mongols perdraient plus de 50% de leur revenu d’ici 2030, faute de mesures fortes. Pour prémunir la Chine, les auteurs estiment à 3,7MM$/an l’investissement nécessaire, en irrigation performante, conservation du sol et sélection de semences, alors que les débours actuels n’atteignent que 40% (1,46MMs). Or, le XII. Plan, de 2011 à 2015, semble vouloir relever le défi : en environnement tous azimuts, la Chine paiera environ 91MM$/an, contre 41 en la période précédente. Avec l’apparition ultrarapide de groupes de taille mondiale dans chaque secteur « vert », tels Shanghai Electric (production d’éoliennes), Longyuan (leur exploitant), CGNPC (nucléaire) etc.

Une autre donnée essentielle, sera la date à laquelle elle promet d’avoir atteint le « pic » de ses émissions avant de repartir sur la pente descendante. Hu Angang, le plus optimiste, estime possible un pic dès 2020 moyennant l’adoption immédiate d’un plan stakhanoviste de conversion de toute industrie vers le bas-carbone. C’est ce que Hu Angang appelle convertir le « chat noir » (la pollution) en « chat vert » (les filières nouvelles).

Avec de telles données et l’excellente image dont jouit le pays auprès des nations pauvres et des grands émergents, la Chine devrait aisément parvenir, au COP15, à éviter le banc des accusés pour passer à celui de leader politique et technologique. Beau renversement des rôles, de la part du plus gros pays pollueur de la Terre.

 

 

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