A l’issue de sa visite en Chine, les 16-18/11, B. Obama et son hôte Hu Jintao firent chacun à la presse un monologue sans sourire, et refusant toute question. Ces hommes parmi les plus puissants de la Terre venaient de constater le passé qui les séparent, les obstacles à écarter avant de pouvoir influencer ensemble les autres nations. Et de fait, nos sources font état d’un accueil chinois froid, confirmé par l’absence de «cadeau» ostensible durant la visite. La presse américaine ne s’y trompe pas, parlant d’occasion ratée.
A l’arrivée du jeune Président, la Chine multipliait les signaux ombrageux, comme pour dire qu’elle ne se laisserait rien dicter par personne.
[1] Liu Mingkang de la CBRC (tutelle des banques) dénonçait les taux d’intérêt zéro de l’Amérique «menace à la convalescence globale». C’était bien sûr pour faire contre-feu à la demande mondiale de réévaluer le RMB. [2] Des dizaines de dissidents étaient mis au vert, pour éviter leur contact avec Obama. [3] Plus grave, K. Tsephel, artiste tibétain venait d’être condamné à 15 ans. [4] A Pékin, Microsoft était condamné pour piratage – quatre de ses systèmes d’exploitation Windows étaient interdits à la vente…
A l’issue du meeting, malgré un style constamment conciliant, «main sur le coeur», Obama dut repartir les mains vides. Face au risque de guerre commerciale, les deux bords se promettent d’«apaiser les frictions», mais Hu Jintao refuse net ce que la Banque centrale semblait offrir huit jours plus tôt : découpler la «monnaie du peuple» d’un dollar en pleine chute, permettant à la Chine de moins réduire que d’autres son parc industriel excédentaire.
Pourtant, la marche vers la convertibilité est bien engagée entre 365 firmes de Hong Kong et de quatre villes. Sous cinq ans, pense HSBC, 50% de ses échanges se traiteront en yuan, devenu 3ème monnaie globale.
Ce malaise révélé par la rencontre est une réelle surprise: tous les signes des jours précédents, allaient dans l’autre sens, d’une bonne volonté refondatrice. Au reste, le passage d’Obama porte des fruits manifestes: une profusion de coopérations nouvelles ou renforcées, mine de rapprochement pour de longues années.
On voit naître entre Chine et USA un dialogue spatial (qui devrait à terme faire participer la Chine à la station orbitale internationale), des coopérations aéronautique, ferroviaire, agricole, médicale. Les policiers vont renforcer leurs liens (anti-drogue, mafia, terrorisme). En matière scolaire, les pays veulent quintupler en 4 ans les 20.000 actuels étudiants américains en Chine, renforcer les 100.000 Chinois aux USA. Enfin, le plus grand effort va au domaine climatique et énergétique, et à la préparation du sommet COP 15 de Copenhague (voir en p.2).
En marge du sommet des géants, comme se doit, apparaissent des contrats industriels.
Signe de montée en puissance chinoise, ils vont cette fois dans les deux sens. A Phoenix (Arizona), le chinois Suntech s’apprête à monter des panneaux solaires de cellules chinoises, faites en polysilicone texan, histoire d’augmenter ses 14% de parts du marché local. A-power (Liaoning) et REG (USA) vont monter ensemble des éoliennes aux USA. GE-aviation et AVIC préparent une JV chinoise d’avionique intégrée, pour le marché du futur gros porteur chinois C919, et pour les modèles d’Airbus, Boeing et autres. GE annonce aussi une usine pékinoise de moteurs pour motrices turbo diesel (marché chinois) et de TGV (marché US). Avec le charbonnier Shenhua, il négocie encore une JV de gazéification de la houille et de capture/séquestration du CO2… Immenses marchés, dont on ne voit pas les bornes…
Sommaire N° 38