Temps fort : Pourquoi le mur de Berlin est tombé-mais pas la muraille du PCC ?

Il y a 20 ans (09/11), le monde fêtait la chute du mur de Berlin, bientôt suivie de celle de l’URSS. A l’époque, l’Ouest prédisait « dans la foulée » l’extinction du socialisme chinois. Détrompant ces pronostics primesautiers, ce dernier pourtant, a survécu et apparaît aujourd’hui en gloire (en apparence), plus vivace que jamais. Pourquoi?

Première réponse, du professeur J. Wasserstrom (Irvine, CA) : le régime a muté sous l’interaction complexe de ses deux mécanismes, sclérose et flexibilité.

Constant depuis 1989, le front du refus des réformes (de changer de ligne) se vérifie en juin 2009, dit Wasserstrom, dans la négation rigide du massacre de 20 ans plus tôt, et la paranoïa déployée (dit Wasserstrom) pour garantir la non-commémoration du non-événement.

Mais la Chine a aussi démontré (peut-être pour compenser cette faiblesse) une capacité d’adaptation hors pair aux énergies en action hors du pays. En 2009, l’ouverture à l’étranger lui a permis de truster 66% du marché chinois automobile. Ce qui n’a pas empêché le pays de dépasser l’Allemagne comme 2de nation industrielle mondiale. En même temps, le régime a démontré une vive flexibilité en laissant renaître les pratiques religieuses, reconstruire temples, monastères et séminaires.

Depuis 1989, le Parti communiste chinois (PCC) poursuit cette stratégie de céder sur ce qui lui paraît accessoire (adaptation) pour s’agripper à ce qui lui semble essentiel (rigidité) au nom de la ligne de l’époque, de l’ « économie socialiste de marché aux couleurs de la Chine ».

Celle ci associait trois systèmes qui auraient été totalement contradictoires en logique occidentale : marxisme, nationalisme et capitalisme. Pékin laissait donc sortir les intellectuels à l’étranger, produire ou importer sur son sol les meilleurs biens de consommation. Mais il préservait aussi farouchement son monopole du pouvoir sur l’économie, l’opinion (presse), l’action sociale (les ONG). Une telle réforme s’imposa au printemps 1992, avec le voyage au Sud de Deng Xiaoping.

A cette même époque, le PCC observait intensément l’évolution de la Yougoslavie… Dans ce pays, il voyait une Chine en miniature, par sa composition idéologique et ethnique, et un laboratoire où observer les évolutions de sa ligne politique. De même, dans son actuel soutien au confucianisme, il retrouve une ligne qui a bien réussi à Chiang Kai-shek à Taiwan, tandis que la persécution du Falungong renvoie à celle des Taiping au XIX.siècle. En somme, le PCC étudie avec minutie les expériences du passé et du présent (le sien et celui des autres) afin d’en isoler les modèles, les outils à suivre, les erreurs à éviter. C’est une racine de la longévité de la Chine.

Cela dit, la pérennité du régime peut avoir une autre source, non exclusive de la 1ère. En 1991, l’URSS s’est éteinte par épuisement moral et non manque de ressources. Elle regorgeait de pétrole et d’autres énergies, commodity la plus rare et prisée au monde, dont l’actuelle Fédération de Russie tire sa prospérité. La durée au pouvoir du PCUS fut de 74 ans, soit trois générations. La Chine socialiste n’en a vécu que 60 ans, soit deux générations et demie. La différence entre les deux, tient au fait qu’en Chine vivent encore de nombreux révolutionnaires de la 1ère heure, qui avaient disparu dans l’URSS de 1991. La différence est importante dans un pays où reste prédominant le culte des ancêtres. Le socialisme en Chine, atteindra ses 74 ans en 2023 : temps d’enterrer cette génération et avec elle, le halo de sa foi d’antan ?

 

 

 

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