A la loupe : La fièvre automobile reprend

Dans le monde automobile chinois, toutes les marques présentes s’arrachent à la grande dépression et disent un grand «merci» à l’Etat, pour leurs pêches miraculeuses, nourries par le crédit des banques et du stimulus.

Nissan est un cas d’école. Son 3. trimestre est le premier à renouer avec le profit depuis octobre : 270M$, 65% de moins qu’en 2008, mais les ventes de six mois frisent les 400.000 (+48% en octobre). General Motors est le champion de l’année, bien parti pour vendre 1,6 million d’unités, y compris sa fourgonnette Wuling (JV), star du monde rural. Ce succès est peut-être pour quelque chose dans sa volte-face de la semaine passée, dénonçant la vente de sa filiale allemande Opel. Rétrospectivement BAIC, le constructeur pékinois peut pousser un grand « ouf » de soulagement d’avoir raté ce contrat et Geely, qui croit dur comme fer à sa tentative de rachat de Volvo, ferait peut-être bien de s’inquiéter – si Ford à son tour, décidait de garder son bien.

Ainsi en convalescence, ces groupes préparent un avenir qui, en Chine, sera dédié aux énergies propres, moins par choix que par nécessité, avec ses 23% de l’humanité, la faiblesse de ses réserves en pétrole et la gravité de sa pollution actuelle. L’Etat a déjà annoncé 2,9MM$ de soutien à cette filière. Il subventionne déjà l’achat de bus dans 13 métropoles -jusqu’à 60.000² par grands bus fonctionnant à l’hydrogène. Pékin veut avoir produit sur le sol chinois, sous 2 ans, 0,5 millions de véhicules propres.

BYD a ouvert le bal en décembre 2008, présentant sa F3DM hybride-électrique, suivi par Chery avec sa S18 (février). SAIC prétend dépenser 200M² d’ici 2011 en R&D de véhicules à énergie propre, et 400M² en production—les batteries seraient fournies par BYD. SAIC discute aussi avec BMW, pour assembler sa fameuse Série 7.

CNOOC aussi, « se tâte », pour voir s’il n’entrerait pas dans la danse, comme fournisseur d’un réseau de stations de charge. A cet effet, le pétrolier off-shore vient de mettre 500M² sur les batteries Lishen (de Tianjin).

Bien sûr les étrangers y vont tous de leurs projets en MM$ —sur leur sol ou en Chine : Renault-Nissan et l’Etat français, PSA avec Sanyo. PSA qui ne détient que 3,5% du marché, « beaucoup trop peu », rêve de remonter à 10%, grâce à un modèle en cours de développement, encore inconnu, « beaucoup plus chinois », annonce Nicolas Wertans, PDG adjoint.

Mais méfions-nous des effets d’annonce. Car à 83% de neuf, ces 10 millions de ventes donneraient 8 millions de véhicules de plus sur les routes. Or Sinopec, 1er distributeur de carburant, accuse au 3ème trimestre un recul de 9,32% des ventes à la pompe. CNPC l’autre grand pétrolier chinois, déclare 0,4% de recul. D’où la question : 36 millions de voitures (volume du parc chinois attendu en 2009) roulant avec autant ou moins d’essence que les 28 millions de l’an dernier, est-ce un miracle unique à la Chine ? Ou la méthode Coué ?

 

 

 

 

Avez-vous aimé cet article ?
Note des lecteurs:
0/5
9 de Votes
Ecrire un commentaire