A 40 jours du COP 15, Sommet contre le changement climatique, en quête d’un traité mondial pour relayer le protocole de Kyoto après 2012, jamais les nations n’ont tant manifesté d’unanimité dans le pessimisme. Même J. Pasztor, bras droit de Ban Kee-moon (Secr. général de l’ONU) avoue ses doutes, vu le blocage du Sénat américain, pour adopter une loi climatique.
Côté USA, l’envoyé spécial Todd Stern estime qu’à sa visite à Pékin le 15/11, Obama ne trouvera pas le deal avec Hu Jintao, fixant pour chaque pays des coupes contraignantes de leurs émissions de CO2. Pourtant, tel accord pourrait bien être la dernière chance à Copenhague, pour entraîner les autres nations dans la voie des sacrifices solidaires…
Côté Chine on feint d’avoir fait son deuil, tel le prof. Zou Ji de l’université Renda (Pékin):«il n’y aura pas d’accord à Copenhague. Notre seule option sera de continuer à discuter». Lu Xuedu, vice patron du Centre national climatique accuse indirectement les USA de saborder le COP15 (par leur exigence d’enterrer le protocole de Kyoto), afin d’éviter d’assumer tout de suite face au monde une responsabilité contraignante. Ce qui n’est peut-être pas faux. Mais on voit aussi ses négociateurs déployer une activité intense, comme cet accord bilatéral sans contenu, juste signé avec New Delhi. S’attendant à un COP15 décevant, Pékin veut éviter d’être montré du doigt, pour avoir émis l’an dernier 6,8MMt de CO2 (n°1 mondial), et refusé tout effort de réduction contraignante -une offre chinoise pourrait pourtant sortir, à Copenhague…. Entre Chine et USA, on voit pourtant l’ampleur du rapprochement déjà atteint. Wang Guobao, tête du groupe environnement à l’ANP rend acte de la volonté politique US: «c’est ce qui manquait depuis 8 ans, sous Bush». Dans ces conditions, on voit émerger plusieurs «Plans B»: comme si chaque État, incapable de s’entendre avec les autres, voulait accélérer par d’autres chemins l’effort de «décarbonisation » de son économie :
1- A Copenhague, 100 élus de 16 nations fixent les bases juridiques de la future décarbonisation. Pour eux, pour limiter à 2°C le réchauffement, 70% des actions nécessaires d’ici 2020 (standards, construction, énergie, transport, reforestation) sont faisables par moyens nationaux.
2- Un autre outil d’incitation des firmes se prépare à l’ONU, dit la ligne de crédit non perdante : toute firme réduisant selon certains critères ses émissions de CO2 obtient un crédit, revendable ailleurs. Cet outil innove sur les CDM du protocole de Kyoto:
w il est plus incitatif, promettant à la firme des profits en cas de coupe d’émission, mais non des taxes en cas inverse;
w il fonctionnera dans des secteurs où le CDM n’est pas engagé -tels les transports;
w il sera géré par les nations, permettant des mois, voire des années de gain dans le délai d’application. Il faut enfin s’interroger sur l’insistance du monde à enterrer d’avance le COP 15. L’accord, on le sait déjà, est proche sur un organe directeur destiné à promouvoir la dissémination des hautes technologies et des fonds aux pays pauvres. En cas de confiance mutuelle à Copenhague, des pans entiers de réserve pourraient tomber. Vu sous cet angle, le défaitisme global pourrait être tactique, voulu par les nations pour imposer une atmosphère: celle d’un jeu où l’on a « rien à perdre, et tout à gagner ».
Sommaire N° 35