Il faut bien le dire, la Chine est le premier pays à sortir de la récession, et la confiance semble rétablie. La croissance industrielle de janvier à septembre a été de 8,7%. Pour le 4ème trimestre, elle fera 16% tandis que la consommation planera à +15%.
En automobile fortement assistée par les incitations à la consommation, septembre a vu un décollage, +78% en production chez les low cost locaux, +20% chez Honda, +37% chez Toyota et VW (130.000 ventes). Traditionnels gouffres à subventions, les transporteurs aériens renouent avec les profits, grâce à une hausse moyenne du trafic passagers de 20% : au 3ème trimestre, China Southern gagne 284MÂ¥, Air China 885MÂ¥ (aidée par un pari au carburant sur les marchés à terme). Même China Eastern gagne 23M¥Ⲧ Un peu partout, les usines embauchent, pour satisfaire la demande intérieure et le léger regain à lâ²export…
Bien sûr, cette croissance aux stéroïdes nâ²a rien de naturel. Depuis 2008, lâ²Etat a émis 586MM$ de crédits dâ²infrastructures, à quoi se sont rajoutés depuis janvier 1270MM$ de prêts bancaires, (montant phénoménal). Ce qui ne va pas sans dangers. Une part des fonds se déversent en bourse, créant une survalorisation durant 10 semaines pour se dégonfler de 5% semaine passée: indice dâ²une bourse irréaliste, et de porteurs mal à lâ²aise.
Autre aspect de la même bourrasque en vue: le yuan demeure soudé au dollar, qui baisse (12% depuis le changement de Président). Aussi dâ²autres capitaux «chauds» se précipitent de lâ²Ã©tranger, dans lâ²attente dâ²une remontée. Les réserves en devises ont monté de 320MM$ en 6 mois, atteignant 2273MM$. Lâ²Ã©tranger bien sûr dénonce cet avantage inéquitable aux exportateurs chinois. Lâ²Ãtat émet des signes contradictoires. Liu Mingkang, grand contrôleur des banques, les avertit (21/10) de serrer le robinet du crédit. Zhou Xiaochuan, gouverneur de la BPDC renchérit: le crédit facile ne peut durer, et il faut prévenir une avalanche de mauvais prêts. UBS imagine (27/10) quâ²une réévaluation se prépare, avec une hausse des réserves obligatoires des banques, fin décembre.
Mais dâ²autres joueurs tels Tang Shuangning, Prsdt dâ²Everbright et St. Roach de Morgan Stanley sâ²inscrivent en faux, pariant que la Chine gardera son crédit abondant jusquâ²Ã lâ²Ã©té, pour «transformer lâ²essai» de la reprise. Ce genre de constance, ressemblant effectivement bien à Hu Jintao, homme peu porté au jeu, et obnubilé par la stabilité sociale. Mais écoutez la critique de Huang Yasheng, du MIT. Pour ce professeur, la consommation se déverse en 2009, à 70% sur lâ²Etat (ses GEE, ses administrations), 30% sur la population.
Depuis les années â²90, le penchant ne fait que sâ²aggraver. Lâ²argent va dans des projets somptuaires, et non dans des chèques aux paysans. Et dans des hausses de salaire discrétionnaires aux ronds de cuir. Si Huang dit vrai, sa conclusion a de quoi inquiéter : faite pour renforcer la fidélité de lâ²appareil, et profitant essentiellement à ce dernier, cette croissance nâ²est pas soutenable.
Sommaire N° 35