A la loupe : Pittsburgh -vers un tournant mondial, poussé par la Chine

Le G20 de Pittsburgh (24-25/09) mérite le terme d’historique, en ce qu’il a permis à 20 nations représentant 2/3 de la population planétaire de prendre des décisions inédites dans l’histoire. Selon le 1er Britannique Gordon Brown, le G20 a adopté « un plan global pour l’emploi, la croissance et le soutien de la convalescence économique ».

Les mesures acquises à Pittsburgh entre ces pays et agences mondiales frappent par leur nombre et diversité: [1] l’obligation de réserves plus fortes dans les banques (garantie contre les mauvais prêts), et la limitation des primes que les banquiers s’adjugent pour prendre des risques sur l’argent des autres ; [2] le transfert d’«au moins» 5% des droits de vote au Fonds monétaire international (FMI) aux pays émergents, Chine en tête (qui a 3,7% des voix, contre 4,9% à la France); [3] une concertation régulière des pays et du FMI, pour une «croissance plus durable et équilibrée»; [4] la promesse d’éliminer à «moyen terme» toute prime au charbon et aux hydrocarbures -elle devrait selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), réduire l’empreinte carbone mondiale de 10% d’ici 2050. Enfin, [5] les nations s’engagent à accélérer les négociations de Doha pour un nouveau traité de l’OMC (Organisation mondiale du commerce). Ici, la Chine ne s’était pas privée d’embarrasser les puissances traditionnelles, championnes supposées du libéralisme qui venaient en un an d’adopter 100 nouvelles barrières aux exportations des pays émergents…

Cela dit, il faut tempérer l’optimisme, sur le succès de Pittsburgh. Aucune de ces décisions n’est chiffrée, ni d’effet immédiat. Europe et Amérique n’ont pas promis de budgets pour aider les pays en voie de développement à passer au bas carbone. L’ancien monde, USA en tête semble plus intéressé à replâtrer le système monétaire qui vient d’imploser, qu’à en reconstruire un plus conforme aux besoins du monde. Plus intéressé à garder ses privilèges, qu’à rechercher la création et le partage de richesses issues d’un développement équitable.

Or la Chine de Hu Jintao parvient à se faire chantre de cet ordre nouveau associant le Tiers monde. C’est sous sa pression que symboliquement, le G7, club des puissants, n’a pas été « élargi », mais « remplacé » par le G20 plus représentatif. Dans sa présentation, Hu a défendu l’idée d’une priorité absolue à la réduction des écarts entre pays riches et pauvres, dont les racines ne tiennent pas aux stratégies nationales individuelles, mais dans la lourde distorsion dans l’accès aux ressources, la consommation et le système monétaire international. Ce faisant, Pékin renforce fort son aura et prépare un temps où il assumera responsabilités de puissance. Or, cette sensibilité « tiers-mondiste » est une tradition politique chinoise, inaugurée par Mao 50 ans en arrière. Gageons que le Timonier n’avait jamais pensé que ce succès arriverait un jour, à travers une politique pacifique de concertation avec les Etats, à l’ONU, loin de toute révolution ou lutte des classes.

 

 

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