Editorial : Changement climatique: USA, Chine offrent trop peu, trop tard

A New York le 22/09 lors de l’Assemblée Générale de l’ONU (Organisation des Nations Unies) contre le réchauffement climatique, les délégués ne cachaient désormais plus leurs doutes sur les chances de succès du COP15 à Copenhague -que les 190 nations signent le 18/12 un traité mondial d’action. Leur raison : Pékin et Washington n’avaient toujours pas fait d’offre pour réduire leurs émissions de 40% du CO² de la planète, et du coup, les palabres étaient proches du blocage.

C’est alors qu’entra en scène Hu Jintao pour orchestrer un mini coup de théâtre soigneusement annoncé. Renonçant pour la 1ère fois à se décharger sur les Etats bourgeois du poids de nettoyer l’univers, il admettait une responsabilité chinoise (inévitable d’ailleurs, pour le 1er pays pollueur mondial), promettait pour 2020 une «baisse substantielle de l’intensité énergétique», la reforestation de 40Mha, un parc énergétique fondé à 15% sur des sources renouvelables. Greenpeace China voyait dans ces intentions la promesse d’un programme dur de « décarbonisation » (économies d’énergie, plus énergies nouvelles) de l’économie du Céleste Empire.

Le problème, est que Hu Jintao a été beaucoup moins précis que cela. Il n’a ni quantifié ses objectifs, ni précisé leur statut, contraignants ou non. Or, quelques heures avant, Barak Obama venait de tenir une allocution toute aussi pleine de belles paroles, parlant d’urgence et de devoir imprescriptible d’agir, mais tout aussi vide de quelconques engagements.

En fait, la prestation de Hu Jintao est indissociable de celle de Barak Obama, dont elle est le miroir: l’un et l’autre se regardent, attendant que l’autre fasse le premier pas. La mauvaise nouvelle est que le «Nouveau Monde» n’y est pas prêt. L’alarme de Fredrik Reinfeldt, 1er ministre de Suède et de José Barroso, Président de la Commission européenne est désormais partagée par la majorité des membres de l’ONU: «les négociations vont bien trop lentement», c’est presque déjà trop tard, vu la date butoir du 18/12 et l’écart énorme des positions. A moins que la Chine n’arrive en sauveur à Copenhague, sortant ses sacrifices en premier, sans garantie que les USA suivent avec une offre de coupe à la hauteur de leur pollution et de leur richesse, scénario à vrai dire improbable. Comme 15 ans plus tôt sous B. Clinton, le problème, n’est pas leur Président, mais leur Congrès…

L’Assemblée générale de l’ONU permit aussi de vérifier les jeux de force de l’échiquier mondial. De façon parlante, les deux «derniers de la classe» tinrent les premiers rôles, réduisant au silence les vrais acteurs de la « décarbonisation » industrielle.

En bilatérales, Hu Jintao très demandé, reçut certains collègues en audience. Nouveau 1er ministre nippon (socialiste), Yukio Hatoyama créa la surprise en appelant à la naissance d’une communauté et d’une devise asiatiques calquées sur l’européenne CECA (Communauté européenne du charbon et de l’acier) de 1957, et un rapport de «fraternité » avec la Chine. A ces offres innovantes, Hu Jintao ne dit pas « non », mais déclara devoir en référer au sommet et de voir se rencontrer les ministres pour leur donner un début de réalisation. Sans en avoir l’air, on assiste ici, pour l’Asie, à l’embryon d’une ère nouvelle. De quoi occuper les capitales un demi-siècle, à tout le moins !

 

 

 

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