Le fantôme de la grippe aviaire
Depuis son apparition en 2005, la grippe aviaire, virus des oiseaux, transmissible à l’homme vit un pic de nocivité au Chunjie, là où se croisent les oiseaux migrateurs et les regroupements familiaux en milieu rural. En 15 jours, la Chine vient de connaître quatre cas de contamination humaine, les 1ers en un an, dont 3 fatals. Huang (19 ans) mourut le 5/01 à Pékin. Peng (2 ans) fut atteinte le 7/01 au Hunan -elle survit, et 67 de ses proches sont en isolation. Zhang sa mère (27 ans) contracta aussi le H5N1 -nom scientifique du virus-, décédant le 17/01. Wu, lycéen du Hunan (16 ans) succomba le 20 janvier. Contaminés en zones d’épidémie aviaire, les quatre cas l’ont été par la volaille, dit le ministère de la Santé : le virus n’a donc pas muté, selon le scénario-cauchemar des scientifiques. Mais le ministre Chen Zhu met le réseau hospitalier en alerte rouge et son collègue de l’agriculture dénonce vaccins clandestins, vente de poulet mort de la grippe, et autre pratique irresponsable. Seule note positive: la Chinese University de Hong Kong a mis au point un riz OGM modifié au Rhizoma Polygonati odo-rati, qui inhibe divers virus dont le H5N1. La CUHK recherche en Chine un centre pour le tester, sans risque de dispersion du fléau.
Scandale de Sanlu … oeil pour oeil !
Le 22/01, après 25 jours tombaient à Shijiazhuang (Hebei), les 12 premiers verdicts du procès Sanlu, du lait contaminé à la mélamine : deux hommes prennent la peine capitale, Zhang Yujun pour avoir produit et écoulé 600t de fausse protéine, Geng Jinping pour avoir vendu le lait contaminé aux laiteries. Neuf autres reçoivent entre 5 ans et la mort, avec sursis. Tian Wenhua, l’ex-patronne de Sanlu, sauve sa tête, et reçoit la perpétuité : « la loi », glose son avocat, « ne prévoyait pas ce verdict pour son délit ». Et (surtout), on ne pouvait accabler l’Etat-major de Sanlu (dont la responsabilité est pourtant écrasante et établie), pour ne pas impliquer les cadres politiques moyens ou hauts, forcément présents dans ce circuit d’importance nationale. Durant le procès, Mme Tian a réclamé leur inculpation — mais leurs noms n’apparaissent même pas.
Aussi, le but semble clairement avoir été de sacrifier quelques boucs émissaires, pour calmer les foules avant le Nouvel an. Pour l’Etat, avec ces condamnations (39 autres à suivre) et 160M$ de primes offertes aux 296.000 familles des victimes, l’affaire est close. Même pour l’heure, de nombreuses familles refusent primes et verdicts : A suivre !
Cinq délits et crimes hors du commun
« En 1998 un bandit Hongkongais, Cheung Tze-keung, dit le flambeur, était arrêté à Canton, et bientôt exécuté pour avoir kidnappé l’homme de trop, Victor Li, fils du tycoon Li Ka-shing. Li avait payé sans sourciller les 1,4MMHK$ de rançon (si!), puis s’était plaint au Président Jiang Zemin, qui avait mis sur l’affaire un « as » de la police. Suite à son succès, le limier, Zhen Shaodong, avait vite gravi les échelons de la carrière, étant aujourd’hui vice-ministre. Mais ainsi passe la gloire du monde : le 12/01, avec son n°2 Xiang Huai-zhu, il est arrêté, soupçonné d’avoir couvert Huang Guangyu, l’ex-patron de Gome.
« Bizarre filière de kidnapping entre Yuncheng (Shanxi) et Maijayang (Birmanie). 19 jeunes étaient attirés par Maijayang, le «Macao birman», à qui on faisait miroiter des jobs à 7000¥. Une fois rendus sur place, ils se faisaient rançonner. 18 familles ont dû payer 1000 à 100.000¥ pour récupérer leur fils amaigri et torturé. Un est toujours détenu. Deux passeurs de Yuncheng ont été arrêtés, et sept sont en fuite.
« Le 30/11, comme chaque année, eut lieu le concours d’entrée dans l’administration, le plus ancien au monde – instauré avant l’ère chrétienne. Un des plus compétitifs aussi : à travers le pays, il rassemblait 775.000 candidats pour 13.500 postes, dont un, à la Fédération des Handicapés, pour 4700 postulants. Cette année, l’examen a dérapé : 1000 tricheurs ont été épinglés. 300 candidats, en salle, portaient un micro-récepteur dans leur oreille interne, technique que l’on retrouve chaque année le jour du 高考 gaokao (baccalauréat). 700 autres, furent éliminés à Pékin et au Liaoning, pour copies identiques —révèle l’administration du service civil. Ce que la nouvelle tait : toutes ces tricheries supposaient une complicité de l’intérieur du système du concours.
« A peine épinglés, les émetteurs des faux billets de 100¥ qui inondaient le pays (vdlc n°2) sont jugés à Zhanjiang (Canton), le 13/01. Li Jiahao, 45 ans et 3 complices en prennent de 2 à 12 ans. Li était l’expert des fausses bandelettes argentées « sécuritaires » serties dans le billet rose—ils en avaient produit pour 25M$. Comme souvent en pareil cas, c’est dans la phase de l’écoulement qu’ils se sont faits prendre.
« Edile de Hengshan, Chen Longbing s’est fait poignarder à Foshan (Canton) la nuit du 18/01. Ayant perdu 11.000¥ dans un hôtel casino clandestin, il aurait accusé de fraude les croupiers-mafieux, qui l’auraient mal pris. A l’aube, la veuve, vêtue de blanc, vient s’agenouiller sur le parvis et faire un esclandre, avec en mains la photo encadrée du défunt. L’hôtel propose 100.000¥ -elle en réclame un million.
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