Les 6,8% de croissance atteints par la Chine au 4. Trimestre 2008, la laissent en état de choc. Sinopec, Chalco, China Railway avouent la perte de « plus de 50% » de leurs profits en 2008. Baosteel passera ce trimestre dans le rouge, pour la 1ère fois dans son histoire. Les temps sont si durs que certains s’aventurent à prédire une dévaluation du yuan, qui lancerait une guerre commerciale immédiate avec les USA (cf p.3).
Mais pour tâter le ressort de cette crise, Andy Xie, l’économiste pékinois apporte une séduisante explication, par la non-durabilité du bi pôle Chine-USA. Comme un accident d’usine, la récession a plusieurs causes mécaniques distinctes :
[1] L’explosion des subprimes frappa comme un coup de tonnerre, mais ne fut qu’un coup de semonce, éradiquant (quand même) un an de PIB mondial et causant 1,5% de “contraction permanente”.
[2] Suivit la disparition du crédit, non du fait d’une grève des banques, selon Xie, mais de l’affaiblissement des emprunteurs, moins riches en valeurs hypothécables et en revenus. Pour Xie, la chute du crédit participe moins du problème, que de la solution – la baisse des taux d’intérêts ne marchera pas.
[3] Alors intervient le 3ème étage de la fusée : le cycle des inventaires. La hausse permanente du cours mondial des matières 1ères a favorisé la spéculation et le stockage: le produc-teur ne risquait rien. Mais quand la crise éclate, la firme déstocke à n’importe quel prix, son inventaire… et son personnel, lançant ainsi le second “round” de la contraction.
En novembre, la bourse a atteint son plancher, puis repris (S&P500 = 750 pts, puis +22%, Hangseng = 11.000, +42%), et à présent oscille. “Avant la mi-2009”, l’épuisement des stocks relancera “significativement” l’économie. Le mouvement sera aidé par les plans chinois (600MM$ voire 1300MM$, sur 5 ans non confirmés), et américain (650, voire 850MM$ sur 18 mois). Contraints par les structures de leurs économies respectives, les USA tenteront de relancer l’économie par la consommation, et la Chine par la production. Elle achèvera ses projets en dizaines de MM$, son réseau satellitaire Beitou2, son canal Sud-Nord (Yangtzé-Fleuve Jaune), son réseau de transmission électrique à ultra-haute tension – technique dont elle deviendra n°1 mondial.
Mais Andy Xie avertit : l’embellie ne durera pas. Chacun des pôles Est-Ouest devra trouver son propre équilibre. La preuve : en Europe (sauf Royaume-Uni), la crise frappe moins qu’ailleurs, grâce à la couverture sociale qui sauvegarde mieux la consommation.
Sommaire N° 3