Temps fort : Crise d’Urumqi—le dessous des cartes

La panique à Urumqi face aux attaques de seringues s’est poursuivie. La liste des 500 « victimes » de la semaine précédente, s’est rallongée de 70 cas lundi 07/09, malgré les menaces de peine de mort des autorités.

Mais on voit bien l’incertitude de ces dernières. Examinant les plaignants, les médecins n’ont trouvé que 106 cas de blessures suspectes, dont certaines imputées à des piqûres d’insectes. Message très parlant, la police locale menace de sanctions graves les saboteurs, mais aussi les affabulateurs. Certes, Pékin maintient (9/09) sa thèse d’une «attaque violente et terroriste» et fait publier l’image d’un jeune «piqueur» pris sur le fait. Mais sur les 21 suspects, seuls six ont été incarcérés et quatre inculpés. D’autres étaient des «junkies» en manque -comme en ont déjà vu Shanghai et Shenzhen les années précédentes. Dans l’affaire d’Urumqi, des observateurs croient voir, déclanchée par les agissements d’une poignée de toxicomanes, une hystérie collective.

D’autres circonstances «favorables» ont pu jouer, telle l’extrême censure pesant depuis des mois sur toute communication—internet, GSM (textos) et même téléphone interurbain, privant les populations locales de soupape pour éventer leurs frustrations, même après la sanglante émeute du 5 juillet, où 197 citadins surtout Hans avaient trouvé la mort. A pu jouer aussi l’impopularité, partagée par Hans et Ouighours, du secrétaire provincial Wang Lequan, critiqué pour sa sévérité et une sincérité rare. Un motif de ces manifestations de masse, était moins la peur des seringues que la demande de limogeage du leader. Selon le politologue Leigh Moses, seuls deux circonstances en Chine permettent le départ anticipé d’un haut cadre: corruption, et décès. Wang, au demeurant, était à l’école du Parti, de la même promotion que Hu Jintao, ce qui crée des liens… Comme par compromis, Pékin sacrifiait quand même deux têtes, celles de Li Zhi, secrétaire municipal, et du n°2 de la police.

Suite à ces événements déstabilisants, l’Etat vient de prendre une série de mesures :

-remplaçant les Comités de Quartiers (envers lesquels il semble désormais porter une confiance limitée), il mande 7000 «harmonisateurs» pour faire du porte à porte en ville, «expliquer et résoudre les conflits». 1500 de ces conciliateurs avaient déjà été dépêchés à Urumqi après le 5/07.

– soudainement constatés vétustes, le souk Akida (500 échoppes), le théâtre Tuanjie, et la résidence familiale de Rebyia Kaader (trois propriétés de cette millionnaire dissidente en exil) vont être incessamment démolis. Mme Kaader étant accusée par Pékin d’être l’âme de la tuerie du 5/07.

– dans le but de prévenir la fabrication de bombes, la vente de produits chimiques « dangereux » est soumise à enregistrement administratif.

NB : dernièrement, d’autres villes sont touchées: Hotan, Altai, Kashgar. Là aussi, on constate un petit nombre d’arrestations et des blessures imaginaires. Comme si la psychose se répandait, faute d’une réponse appropriée. Et/ou comme si des extrémistes intégristes commençaient à prendre la seringue pour leur cheval de bataille

 

 

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