Temps fort : France-Chine : le réchauffement inévitable

Entre Paris et Pékin, quoique la crise majeure suite à la rencontre Sarkozy – Dalai Lama de décembre 2008 soit épurée depuis avril 2009, le climat restait toujours froid en juillet, le report d’une visite du 1er ministre François Fillon envisagée au 26/09, en était un indice.

Mais du 1er au 3/09, la visite pékinoise de Jean-David Levitte, conseiller du Président, se déroula sous une tonalité chaleureuse et détendue, permettant de constater le retour de la machine « sur ses rails ». Un agenda fut établi, fixant dès mi-septembre une rencontre des chefs d’Etat à New York en marge de la plénière de l’ONU, mandant à Pékin Christine Lagarde et Jean-Louis Borloo, ministres de l’économie et de l’environnement, ce dernier, pour préparer avec la Chine le Sommet de Copenhague. Fr. Fillon sera pékinois mi-déc., et Hu Jintao et Sarkozy échangeront des visites d’Etat en 2010. Idem pour les coopérations bilatérales en matière spatiale, médicale ou urbanistique par exemple, qui prennent un coup de fouet, soucieuses de rattraper les mois perdus.

Qu’est ce qui a permis aux deux pays de tourner la page? Selon Xinhua, la volonté commune «de donner à la relation une dimension stratégique». Une interprétation : une série de sommets approchent, tels le G20 de Pittsburgh, le COP15 de Copenhague, l’Assemblée Générale de l’ONU à New York, qui doivent redéfinir l’ordre international sous des angles climatiques, monétaires, de santé etc. Pour aboutir, ces Rendez-vous supposent des convergences. La Chine en ces enceintes, sera tantôt sur la défensive (COP15), tantôt sur l’offensive (G20), mais partout, elle médite un projet mondial à long terme, qui donne plus de voix au Tiers Monde. Autant dire que pour un temps, elle ne peut se permettre les brouilles diplomatiques avec les pays puissants !

Autre raison: la crise. Quoique confiante (en apparence) en sa sortie proche de cette crise, elle continue bel et bien à soutenir le pays par le denier public (ses Grandes entreprises d’Etat en tête), et ne voit pas de fin à l’érosion de ses exportations. Déjà l’Union Européenne, depuis l’été, vient d’ouvrir contre elle cinq enquêtes anti-dumping. De ce climat morose, un bon exemple réside dans le 9eme rapport de la Chambre de commerce Européenne en Chine (1/09) qui, tout en saluant quelques progrès réalisés par le pays dans le traitement des firmes expatriées, note un «frein graduel» voire un «demi-tour partiel» au processus d’ouverture économique. Les marchés publics demeurent chasse gardée des firmes locales. Dans l’équipement de parcs géants d’éoliennes, les leaders mondiaux dont trois européens se trouvent écartés d’appels d’offres soigneusement rédigés pour les éliminer d’entrée… Le 3/09, le Ministère du commerce réfutait, alléguant ses efforts sincères pour promouvoir un bon climat d’investissement étranger, notamment l’Europe avec qui le pays a échangé pour 160MM$ au 1er semestre 2009.

NB : Quelqu’en soit le bien fondé, le malaise des industriels est pour la Chine un souci majeur, pouvant justifier l’enterrement de vieux conflits avec tel ou tel pays ; par exemple, pour préparer mieux et plus vite une mission de prospection d’investissements et d’achats chinois en France, cet automne.

 

 

 

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