Dans les relations sino-américaine, il y aura eu un avant et un après la crise, qui a guéri la Chine de tout complexe, tout en dégraissant la monnaie et les salaires yankee. Résultat: les rapports bilatéraux, dans tous milieux, prennent des formes inédites.
Farouk Systems, le roi du sèche-cheveux américain, liquide son partenariat à Shenzhen pour ouvrir son usine à Houston -1200 jobs dès décembre. De ce retour au foyer, il attend une meilleure image, une meilleure qualité et un meilleur contrôle des contrefaçons. Le magnat américain a ses raisons: désormais, à 2,5$ près, les coûts de production en Amérique et en Chine, sont comparables, et Farouk est las de dépenser chaque mois un demi millions de US$ en lutte contre le piratage, surtout de Chine.
Yahoo-China qui détenait, en 2005, 21% du marché chinois de la recherche en ligne, n’en a aujourd’hui plus que 4%, depuis sa cession par Yahoo au groupe Alibaba. Carol Barz, présidente de Yahoo-US, trahit sa mauvaise humeur, suggérant que Yahoo China a été délibérément délaissé. Yahoo aurait pourtant tort de se plaindre: en valeur, sa part dans Alibaba a triplé depuis 2005, à 3MM$…
Les relations d’Etat elles aussi, se font plus spontanées. Washington annonce publiquement le lancement d’ici décembre de son propre logiciel gratuit, dit FOE, destiné à aider les internautes chinois à s’affranchir de leur censure. C’est comme une réponse à Green Dam, ce logiciel-censeur que Pékin avait tenté en juin d’imposer dans tout ordinateur (suite à un tollé mondial, il avait du discrètement abandonner le projet, cet été).
Entre militaires aussi, le ton monte parfois: un vieux litige oppose les deux armées, sur la question des écoutes navales et aéronavales US depuis les eaux internationales. Les militaires chinois exigent que les Américains se retirent—lesquels refusent…
Risque de conflit commercial : au 17/09, B. Obama devra décider s’il taxe jusqu’à 55% les pneus chinois, mettant à risque un marché de 2,2MM$ et 100.000 emplois. La Chine proteste, mais n’y croit pas vraiment: Obama ne semble pas disposé à torpiller sa relation avec la Chine, pour les beaux yeux des producteurs low cost de son pays.
Seule la justice chinoise donne un message conciliant en frappant à Suzhou (22/08), après des décennies de laisser-faire, 4 pirates de Microsoft : 1,6M$ d’amende, 2 à 3,5 ans de prison. C’est dans l’histoire chinoise, le plus lourd verdict à des contrefacteurs.
NB : De tous ces sujets, Obama aura loisir d’échanger à Pékin en novembre, lors de sa visite. Mais la priorité de ses entretiens devrait toutefois revenir aux échanges climatiques, dont l’issue pourrait bouleverser le COP15 à Copenhague, 30 jours plus tard.
Sommaire N° 27