BAIC (Beijing Automotive Industry Corp), le constructeur auto («Beijing Jeep») arrive t’il après la bataille pour Opel, ou bien au contraire, encore juste à temps ? Il y a un mois, une déclaration d’intention semblait faire tomber le fleuron de Rüsselsheim dans l’escarcelle de l’alliance canado-russe Magna, mais voilà que l’offre de BAIC, dit-on, commence à «titiller» furieusement le gouvernement Merkel, en charge d’Opel en faillite. Et pour cause : elle est la meilleure !
Meilleur business-plan : avec les licences des Corsa et autres Astra, BAIC (qui n’a pas parmi sa gamme, de modèles de cette maturité) achète des valeurs sûres, pour prendre sa part du marché chinois, le 1er mondial et en croissance – alors que Magna mise sur un marché russe bien plus aléatoire. Mieux encore, Baic veut prendre le «train suivant» de l’automobile chinoise, le véhicule électrique, en incluant au deal l’accès à toutes les technologies General Motors (GM) de moteurs à hydrogène et hybrides. En deux ans, BAIC importerait 60.000 Opel d’Europe, le temps de construire son usine locale à 2,25MM$ qui atteindrait sa vitesse de croisière en 2015, à 500.000 véhicules/an. GM aurait bien sûr un risque de concurrence entre OPEL/BAIC et ses propres modèles shanghaiens: même moteur, même châssis. Mais tout bien considéré, il possèderait 50% de sa JV avec SAIC (Shanghai Automotive Industry Corp), et 49% de celle avec BAIC… Ce serait donc tout bénéfice ! Quant à l’autre risque, celui de la solidité du repreneur, BAIC, filiale de la mairie de Pékin, semble plus crédible que l’alliance russo-canadienne.
Magna «casserait» 10.000 jobs européens (sur 54000), et BAIC 7600, dont 3000 en Allemagne – Anvers (Belgique) fermerait.
Pour ce deal enfin, BAIC coûterait au gouvernement allemand 2,64MM² de prêts bancaires, et il paierait 660M² à GM, c’est 1,86MM² de moins que l’offre Magna. Le repreneur russe cependant a deux atouts à faire valoir : il a « presque achevé » ses négociations, et jusqu’à hier, la faveur du gouvernement allemand, au nom de la parole donnée. Le « Land » de Thuringe, qui perdrait des emplois sous pavillon BAIC, y est fort hostile… Cependant, le gouvernement berlinois reçoit les négociateurs chinois, et il s’agit pour lui, au fond, de voter pour quel partenaire d’avenir—Moscou, ou Pékin… Tout se jouera dans un mouchoir !
Sommaire N° 25