Mengniu, manoeuvre en plein grain
Comment restaurer la confiance du public chinois dans le secteur laitier après le scandale de la mélamine, et en attendant, offrir à ce dernier les fonds pour traverser les années de vaches maigres ? Pékin a probablement trouvé un début de solution en assistant la vente de 20% de Mengniu, n°1 national des produits laitiers, pour 780M$ à Cofco, consortium d’Etat des produits alimentaires et Hopu, fonds de 2,5 MM$ soutenu par Goldman Sachs et Temasek (bras financier de Singapour). Placement raisonnable pour tout le monde, pour les investisseurs, c’est une valeur sure, qui a connu sa propre crise un an avant celle de la Chine et du monde et qui, ayant entamé sa convalescence plus tôt, est plus proche que d’autres du retour en santé. Pour Cofco, expert en boissons (thé, vin, jus, limonades), le lait, créneau manquant jusqu’alors, permettra bien des synergies (emballage, conservation, etc).
Au géant mongol, l’argent frais permettra bien sûr de se désendetter (rattraper le miliard ¥ de pertes de 2008) – mais aussi d’aller de l’avant : racheter fermes, laiteries, investir dans la R&D (nouveaux arômes, nouvelles présentations), le marketing etc. Le nouveau groupe restera présidé par Niu Gensheng, fondateur de la marque. Avec ce remaniement, chez ces trois groupes, on observe que la frontière entre firme publique, privée et étrangère se fait toujours plus trouble.
Passe financière pour Yaoming
Yao Ming, le pied endommagé depuis près d’un an et proche de la retraite, semble vouloir se recycler comme propriétaire d’équipe. Le centre des Houston Rockets négocie la reprise de sa maison d’origine, les Requins shanghaiens, et négocie avec Shanghai Media Group, principal actionnaire, sous l’oeil vigilant du Bureau local des sports. Pour les Requins, ce serait un sauvetage in extremis de la noyade, car en temps de crise, les Chinois vont moins au stade ou aux salles omnisports. La China Basket Association a fait savoir que vu les pertes subies par la ligue nationale, 16M$ en juin, Shanghai faisait partie des clubs menacés de faillite. Prix demandé : 2,9M$. Belle somme, même pour un millionnaire aussi « coeur sur la main » que Yao Ming. Mais d’aucuns soupçonnent que Yao se soit prêté au jeu du lévrier, afin de rabattre d’autres capitalistes vers le sauvetage de ce club qui le lança en 2002 vers la gloire du NBA. Le truc semble marcher : sous réserve d’inventaire, bien d’autres candidats se tâtent, pour la reprise.
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