France-Chine : sous la canicule, le gel
Quand B. Delanoë, maire de Paris, conféra au Dalai Lama la citoyenneté d’honneur de sa ville (9/06), Pékin annonça que les relations s’ en ressentiraient : parole tenue ! En janvier, Wen Jiabao le 1er ministre avait déjà franchi l’Europe avec ses industriels à saute-mouton autour de la France: Royaume-Uni, Allemagne, Suisse, Espagne, l’Europe à Bruxelles (mais non la Belgique, aussi boudée). Puis plusieurs visites réconciliatoires avaient suivi, dont celle de JP Raffarin, ex 1er ministre, qui croyait avoir obtenu, de son entreprise, « une tournée des Chinois cet été en France, rien que pour nous ». Que nenni ! La visite européenne que vient d’interrompre le Président Hu, pour cause de crise ouighoure était dessinée pour éviter tout aussi studieusement l’Hexagone, et limitait ses étapes à l’Italie, au G8 et au Portugal. Ainsi, les deux dernières visites chinoises au sommet en Europe, dessinent une carte de France complète, en creux. Pire : la visite du 1er ministre français Fr. Fillon prévue fin août, serait annulée: «le climat est trop mauvais», dit-on.
NB : au noeud de cette crise, le Dalai est il la seule pomme de discorde? Quid de la filière nucléaire civile, et du jeu de pouvoir en cours entre France, USA et Chine ? Areva est leader mondial, Westinghouse l’outsider. Mais la Chine a le 1er marché porteur et l’ambition, sous 20 ans, d’exporter cette technologie. Et la semaine prochaine à Paris, de grandes décisions sont sous roche !
G8 : le soleil de Hu, au Zénith—en son absence
Au sommet G17 d’Aquila (Italie, 6-9/07), il fallait entériner des engagements de baisse d’émissions de gaz à effet de serre, (GES) de 50% d’ici 2050. Le G17 échoua sur le refus de deux gros pollueurs, Chine et Inde. Mais dans ce veto qui fit tout capoter, les deux pays avaient leurs raisons. Car au G17, les riches ne votèrent pas un fonds de 400M$ pour aider les pauvres à maîtriser les technologies futures d’une économie à bas carbone. Au G8, en parallèle, ces mêmes riches votèrent une coupe de GES de 80% en 2050 et l’objectif de limiter le réchauffement planétaire à 2°C, mais ne s’entendirent pas sur l’essentiel, les efforts d’ici 2020. Dans ces conditions, les pays émergents ne voyaient pas pourquoi s’engager avant les pays 1ers responsables. C’est-à-dire les USA. B. Obama ne peut aller trop vite, faute de voir son Sénat se rebeller, comme ce fut le cas pour B. Clinton, 12 ans en arrière. Aussi ce que Delhi et Pékin viennent de faire, est moins «lâcher» le monde dans un intérêt égoïste, que de prier les riches, pas assez audacieux, de réviser leur copie : après tout, avec Copenhague dans 5 mois, il n’est pas (encore) trop tard.
Dans ces deux «G», le départ précipité de Hu fut préjudiciable: sans lui, l’accord au G8 n’était plus à portée, Obama ne pouvant plus jouer d’une concession à l’aube, et d’un sourire pour rallier tout le monde. Comme disait le magnat George Soros, « la Chine est mieux placée pour combattre cette crise… A mon avis, les Chinois vont gagner en pouvoir et en influence, à un degré dont les gens n’ont aujourd’hui pas idée » !
Sommaire N° 25