Temps fort : Le Gaokao et ses changements

Du 7 au 9 juin, en des milliers de centres eut lieu le 高考 Gaokao, examen rituel de passage en université, héritage millénaire des concours mandarinaux. Mais les temps changent, pour les écoles aussi. La promotion 2009 s’est montrée sous des couleurs nouvelles, et de son temps.

On vit plus d’assurance de soi. Normal, chez cette génération de l’enfant unique, adulé, habitué à se faire écouter. Ni timidité, ni crainte de causer avec l’étranger. C’est une grosse différence avec 10 ans plus tôt! L’assurance venait aussi de la certitude de réussir, suite à l’effort de l’Etat pour multiplier les places d’études : 4% de plus que l’an dernier, 62% assurés de passer (dans les villes, jusqu’à 100%). Quelle différence, par rapport aux 5,7% de succès en 1977, année du retour du Gaokao après la révolution culturelle !

Si les candidats sont blindés contre la peur de la copie blanche, ils le sont moins contre celle du chômage en col blanc. Cette incertitude a causé cette année le 1er déclin des candidatures en 7 ans, -3,8%. Parmi les raisons citées, figure les problèmes de finances de certaines préfectures ou mairies : ayant déjà vendu tout leur patrimoine foncier, certaines sont proches de la faillite, incapables de financer la création d’emplois nouveaux.

C’est cette peur-là qui attire les jeunes et surtout leurs parents aux temples, allumer un boisseau d’encens, ou un cierge—ou les deux.

On a déjà quelques fraudeurs épinglés (2 professeurs et 29 candidats à Songyuan, Jilin). Ces dernières cessions, l’offre de services et de gadgets de triche (une oreillette plantée dans l’oreille pour capter les réponses aux QCM) a proliféré sur internet. En prévention, des milliers d’inspecteurs de la «protection des documents confidentiels» ont fait des heures supplémentaires, à scruter les moniteurs de télé dans les salles, balayer les espaces de leurs capteurs de signaux radio ou brouiller d’éventuelles émissions. Le but de la fraude étant d’acheter aux cancres une place dans une bonne école. Aux plus riches, en cas d’échec, il reste la session de septembre, après un terrible été dans une boite à bachot ou bien une université privée, en Chine ou à l’étranger.

Autre couleur du jour : les salles d’examen stérile, isolées, pour suspects de H1N1.Elles auraient apparemment peu servi, les jeunes n’ayant pas bougé de chez eux durant le bachotage, et les parents ayant recouru à des précautions extrêmes pour ne pas mettre à risque la chance de leur héritier.

S’ouvrent maintenant pour ces jeunes trois mois de détente, avant l’université – ou la quête d’un job, suivant succès.

Dernière évolution: moins d’actes désespérés. Mise à part cette étudiante qui se rata deux fois en une matinée : à sa 1ère épreuve matinale au centre de Shenyang, puis à son suicide, se défénestrant d’un 4e étage (elle s’en tira avec quelques fractures). Les parents vivent aujourd’hui moins le déshonneur, en cas d’échec: comme partout sur Terre, le concours se banalise!

 

 

Avez-vous aimé cet article ?
Note des lecteurs:
0/5
9 de Votes
Ecrire un commentaire