Temps fort : marine chinoise : Les dents de la mer

Le 6/01, la navale chinoise prend le large : partis le 23/12 de leur base de Sanya (Hainan), en route vers Aden avec leur aviso de ravitaillement, les destroyers Haikou et Wuhan escortent 5 porte-conteneurs et vraquiers, dont 2 chinois, 1 hongkongais, 1 philippin et… 1 taiwanais—quoique Taipei ait pris la peine de décliner l’offre…

C’est un grand coup pour une marine qui jusqu’alors ne s’aventurait pas loin de ses bases,  faute de disposer d’équipements, de logistique, de communications fiables. A présent, elle se sent assez forte pour tâter de la haute mer, et même étendre sa protection aux civils. Une fois franchies les eaux dangereuses de la Somalie, la flottille repartira à l’Est où l’attendent des dizaines de navires sous pavillons chinois ou alliés. Aucune durée n’est fixée à cette campagne, qui lui apportera prestige et expérience. Pour cette première, Pékin a lancé ses meilleures unités, modernes et bien armées, hélicoptère, lance-missiles, et commandos « marines ».

Implicitement, l’armée chinoise (APL) prétend combler la carence des traditionnels gendarmes des mers, navires de guerre euro-américains qui laissent depuis des mois les pirates investir ces mers en quasi-impunité, lésant -aussi- des intérêts chinois.

Sur les 1265 navires chinois passés de janvier à novembre par le Golfe d’Aden, 20% ont été coursés et 7 arraisonnés -dont un chalutier (18 marins) toujours retenu en eaux kenyanes, «nous savons exactement où », prévient Du Yunlong, du ministère des transports, en guise de « à bon  entendeur, salut 

En même temps —nul hasard – l’APL annonce le lancement du chantier de 2 porte-avions de taille moyenne (50 à 60.000t) au nouvel arsenal de Changxing (Shanghai), espérés sur les mers, d’ici 2020. Des systèmes de «contrôle électrique» seraient déjà commandés en Russie. Dalian (Liaoning) de son côté, finirait le Varyag, porte-avions ukrainien acheté inachevé en 1999, destiné à servir de navire-école.

Réalité, intox ? Les experts doutent. Non que Pékin après 20 ans de «shopping» mondial de technologies, n’ait les moyens d’y parvenir. La question est de savoir si elle veut se lancer dans une course aux coûts démentiels, pour des résultats diplomatiques de tous les dangers, risquant de plonger la région dans la course aux armements et dans un flirt renforcé du Japon et de l’Asean, avec le Pacte atlantique.

Par ses réponses, la Chine montre qu’elle a sans doute décidé. Elle déplore être le seul membre permanent du Conseil de sécurité sans porte-avions, alors que 30 de ces bijoux sillonnent les océans. Fait d’autant moins acceptable que 10% de son PNB passe par les mers, et que 7 des 20 plus grands ports mondiaux sont sur son sol. Dans ces conditions, l’émergence d’un porte-avions sous pavillon écarlate, ne peut être qu’une question de temps.

 

 

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