China Eastern—trop d’erreurs cuisent
Pour China Eastern, 2009 s’annonce cuisant, suite à une série de « tuiles » et fautes d’imprévoyance. Ses pertes en 2009 dépasseront 10MM¥, dont un étonnant 6,2MM¥ en mauvais contrats à terme. Comme tous transporteurs (dont Cathay), il avait misé sur un kérosène cher, sans deviner l’effondrement au second semestre. Eastern a aussi perdu 5,4% de ses passagers, n’en chargeant que 37M. Dès septembre, il se retrouvait avec des pertes égales au capital—en Occident, ce serait une faillite. L’Etat a accepté d’éponger 7MM¥ de pertes, 10% du total : on est loin du compte.
L’heure est aux choix déchirants -China Eastern n’est pas seul dans cette galère. Hormis des gadgets tels licenciements et congés sans solde, il faut rayer 15 appareils, sur ses 29 commandes fermes : les palabres sont en cours avec Airbus et Boeing, pour des reports de livraison. Il faut vendre 30% de Happy, petite JV d’aviation à Xi’an, et rendre l’ex-Yunnan Air (35 appareils) à la province.
Seule chose non discutée dans la presse, mais certainement en haut lieu : quel électrochoc gestionnaire donner à ces flottes d’Etat sans tradition de libre entreprise, toujours en déficit, toujours renflouées?
Hong Kong – la fin d’une bataille d’urbanisme
11 ans de bataille acharnée s’achèvent à Hong Kong, pour le réemploi de l’ex-aéroport de Kaitak, aiguille artificielle dans la baie de Kowloon. Un bras de fer a opposé le gouvernement dominé par les grandes fortunes (en faveur de projets de luxe, qui auraient comblé 200ha de mer) et une myriade hétéroclite de partis d’opposition, d’ONG, de Chinois, d’étrangers, écolos, sportifs, universitaires.
En 2005, divine surprise, le machin ambitionné par le pouvoir était dynamité par le verdict d’une justice indépendante, qui imposait de «consulter» les masses. Le résultat sort quatre ans après (15/01). Moyennant 13MM$ du denier public, le projet protège l’espace marin pour concentrer sur les 320ha disponibles, 13000 apparts sociaux, 3 écoles, un hôpital, 2 quais/ paquebots, un stade (45.00 places), un parc. Sans oublier ces gadgets sans lesquels HK ne serait pas HK : tours de bureaux, rues commerciales souterraines, ponts, monorail.
Cette bourgade de 86.000 âmes sera donc aussi un lieu des « pas perdus » au coeur de la ville, entre île et péninsule, et un site écologique où l’ex-cloaque face aux HLM de Kowloon, aura été converti en rivière. Loin d’être un échec pour l’Etat, elle devient son meilleur atout de relance, devant créer 83.000 emplois de construction ou de service. Elle symbolise une ville mature, à bout de souffle après avoir développé toute l’Asie, et qui à présent, pense à elle-même. Et pour la Chine, maison mère, quelle discrète leçon de démocratie !
Sommaire N° 2