Crédit Suisse tempère la reprise chinoise, constatant un recul des ventes d’électronique, de la consommation d’électricité et surtout de l’export (-22,6% en avril). Aussi l’Etat lance de nouvelles actions pour conserver ce redémarrage si durement payé !
[1] Pour soutenir la consommation, Pékin quintuple à 733M$ ses primes au remplacement de fourgons et minibus. Il avance aussi 292M$ pour subventionner 10% des échanges standard d’appareils ménagers. Le dernier plan du genre était limité aux produits bas de gamme, pour le monde rural : celui-ci est étendu à tous produits et tout acheteur. L’Etat en espère la « création » voire plutôt le sauvetage de 3M d’emplois.
[2] Le pouvoir annonce une nouvelle série de grands chantiers. Cette semaine, ce sont 6,3MM$ dédiés à des travaux de dragage du Yangtzé, pour en porter le fret de 1,2MMt (2008) à 1,8MMt en 2019. D’ici 2011 d’autre part, le stimulus aura doté les deltas des Perles et du Yangtzé de 3 à 4 grandes raffineries, augmentant la capacité nationale de 18% à 405Mt. Mais avec de tels objectifs, le Conseil d’Etat a toujours plus de mal à faire croire que ce plan de reprise consacrerait 38% de ses fonds à l’environnement : confronté au dilemme d’un objectif « vert » ou bien de +8% de croissance, Pékin aurait opté sans hésiter pour la 2de option…
[3] Autre souci de l’Etat : se protéger d’une érosion du US$, inévitable alors qu’Obama émet pour 3000MM$ de bons fédéraux pour financer le stimulus américain. Or, fin 2008, déjà les 2/3 des 2920MM$ de réserves chinoises sont en « devises ou or », dont plus de la moitié en dollars. Pour se protéger, la Chine fait acheter massivement des matières 1ères par ses firmes, profitant des cours mondiaux déprimés : 57Mt de minerai de fer en avril (+33%), tout en fermant la moitié de ses propres mines, 400.000t de cuivre que Chinalco fait même financer par l’épargne, émettant une obligation de 10MM¥. Pour le pétrole, la Chine renforce son objectif en cours de tripler sa réserve de 30 à 90j.
Un autre avantage de cette stratégie de stockage de produits minéraux mondiaux, méthode est politique : elle lui permet de réduire son excédent commercial, et de le garder à un niveau « optiquement » acceptable aux autres blocs, Union Européenne et US.
Une autre manière de se prémunir contre l’érosion du US$, est l’investissement chinois hors frontières. Pékin s’apprête à permettre aux firmes chinoises de conserver une part de leurs profits en devises, réalisés hors du pays. De même, HSBC et BEA (Bank of East Asia) reçoivent le feu vert pour la 1ère obligation en yuan à Hong Kong. Tous ces encouragements à l’investissement extérieur, qui se montait déjà à 169MM$ (+40%) en 2008, vont permettre, selon P. Bennett (SocGen) d’alléger la pression à la hausse du ¥, à condition toutefois d’améliorer vite la qualité des prêts des banques. A cet effet, la CBRC (China Banking Regulatory Commission) s’apprête à endiguer la marée actuelle de détournements des crédits du stimulus vers la bourse : en confiant les fonds directement à l’utilisateur, tout en maintenant sa responsabilité légale au bailleur!
Sommaire N° 18