La presse officielle l’affirme : « la nation est sur la voie du salut». Pour preuve, en avril 2009, ces 14,8% de hausse du commerce, surtout rural (16,7%), ces +30,5% de frais d’infrastructures, les +35% de ventes d’appartements depuis janvier 2009, et +37% de ventes auto en avril). Surtout, les 3,9M de barils/j de pétrole importé, qui ont fait refranchir au cours mondial la barre des 60$/baril, (chutée depuis décembre 2008). La preuve, pense-t-elle, que derrière la Chine, l’économie mondiale redémarre.
Bien sûr, il y a l’envers du décor : la production industrielle se traîne à +7,9%, plancher-record en 17 ans, et l’export a chuté de 22,6%. Un feu «rouge clignotant» est la masse des prêts bancaires au 1er trimestre, 670MM$ : à peu près autant que pour tout l’an 2008. Or, 55% de ces prêts sont à moyen-court terme, et parfois, dons déguisés. China Eastern, l’éternel malade reçoit un nouveau chèque de 2MM¥. Les éleveurs porcins touchent 3MM¥ pour leur permettre de dépasser la chute des cours depuis l’arrivée du virus porcin. En somme : le stimulus permet de relancer la consommation (10M de ventes d’automobiles attendues en 2009). Mais il soutient aussi d’opaques projets, tels ces 436MM¥ prêtés à AVIC sans plan d’investissement prédéfini. Aussi ces lignes de crédit peuvent cacher des plans anti-faillites, non profitables, au risque de faire réapparaître les mauvais prêts. Début des années ’90, ils faisaient 40% à 50% des actifs, qu’une longue et dure campagne d’austérité avait ramené à 2,5% fin 2008. Mais s’ils reviennent, il faudra à nouveau décourager la consommation, alors même que l’export ne sera plus là pour compenser la faiblesse du marché intérieur.
Consciente du danger, la tutelle CBRC (China Banking Regulatory Commission) en avril, a serré des deux tiers le robinet de l’emprunt, à 85MM$.
L’Etat poursuit d’autre part ses expériences de libéralisation, notamment en direction de l’étranger :
-Aux groupes financiers, chinois ou non, pourvu qu’ils aient plus de 86M² de capital, la CBRC autorise la création de filiales spécialisées dans le crédit à la consommation, au-delà des 50 jours de la carte de crédit.
-La bourse de Shanghai se prépare à ouvrir un tableau « international » : des groupes, tels le NYSE (bourse de NY) ou la banque HSBC, seraient parmi les premiers.
L’Etat poursuit à étapes forcées son grand nettoyage de printemps des secteurs en surcapacité, comme les métaux non ferreux. En 2011, suite à la fermeture de plus de 2Mt de capacités (polluantes, ou dépourvues de mines), chaque secteur devrait être concentré: 10 groupes dans le cuivre pour 90% de la production, autant dans l’aluminium pour 70%, dans le plomb et le zinc pour 60%.
Pour nuancer ces bonnes nouvelles, rappelons quand même les réformes essentielles, nécessaires à la relance du marché intérieur, mais qui restent en souffrance :
-celle de la TVA, des taxes aux matières 1ères, pour taxer plus équitablement et économiser l’énergie,
-celle du droit du sol, pour inciter le paysan à investir,
-celle des services, transports ou télécoms, étatiques, en quête de sang neuf privé ou étranger.
L’absence de ces réformes expose en filigrane un conflit d’intérêt entre l’Etat-parti, propriétaire de ces prébendes, et la bourgeoisie montante et l’étranger, en attente (vaine) de partage. Au détriment final du secteur !
Sommaire N° 17