Argent : Le lait chinois cherche à sortir de l’enfer

La récession en Chine n’a rien arrangé aux malheurs du lait chinois, frappé du scandale de la mélamine. En avril, l’Association laitière de Chine alerte : 250.000t de poudre sont en stock, suite au boycott de facto des fabricants. Shanxi, Hebei, Xinjiang, Ningxia sont les 1ers touchés. Les paysans abattent leurs bêtes: déjà 10.000 …

La raison est la rupture de confiance des consommateurs, qui se reportent sur la marchandise de Nouvelle Zélande, plus sure, et moins chère -suite à dévaluation en début de récession. Son lait en poudre se vend 2235$/t le 20/04 -imbattable. Pour ce 1er semestre, Fonterra, n°1 mondial veut tripler ses ventes chinoises à 160.000t. D’où la demande à l’Etat, début avril, par l’Association Nationale des industries laitières de racheter jusqu’à un tiers du stock, voire de bloquer les importations. Mais Pékin ne bouge pas—peut-être gêné à la veille de la reprise des palabres de l’OMC (ronde de Doha) où il milite pour la libéralisation des échanges agricoles. Aspect dérangeant dans cette affaire : avant le scandale de la mélamine, Fonterra, actionnaire à 43% de Sanlu le principal fauteur, n’a rien fait pour enrayer sa pratique. Aujourd’hui, il tente de racheter les derniers actifs de Sanlu en faillite, ceux que le pékinois Sanyuan n’a pas acquis aux enchères début mars.

Paysans et petits producteurs souffrent. Mais les gros ont déjà remonté la pente. Yili a récupéré 80% de son marché, Mengniu 100% au nord, 60% au sud. Ce n°1 national a perdu 950M¥ dans la tempête (pas de dividendes pour l’année 2008!), mais il a su limiter les dégâts en s’appuyant sur le produit que l’étranger n’importe pas: le lait liquide, d’où venaient 21MM¥ de ses revenus en 2008 (88%), surtout UHT (65%). Et Mengniu se lance à la reconquête, en s’attaquant à la racine du mal de l’an passé, l’insuffisance de l’offre. Le groupe mongol veut investir dans les super-fermes de 10.000 vaches (les seuls centres qui resteront agréés d’ici 3 ans). Des sept qu’il possède, il veut passer à 20, par rachat ou par création.

Question : comment un groupe ayant tant perdu, garde-t-il les reins assez solides pour investir en masse?

Réponse: par le soutien des banques publiques. L’endettement de Mengniu a sextuplé en un an, de 183M¥ à 1,2MM. Pour réconcilier qualité, volume et la sauvegarde cruciale de l’emploi paysan, l’Etat n’a que les grandes entreprises, auxquelles il est bien obligé de pardonner les fredaines passées !

 

 

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