Comment les firmes étrangères réagissent-elles à la crise? Comme les chinoises, selon leur secteur d’activité.
Certaines ne sentent pas passer la récession, comme le secteur des glaces : le client (la cliente) s’octroie une compensation psychologique au stress: cela s’appelle «l’effet rouge à lèvres». En profitent surtout les glaciers étrangers : Dairy Queen, Baskin Robbins, Häagen-Dazs annoncent chacun des dizaines de surfaces supplémentaires à travers le pays en 2009. Sur le même registre, McDonald’s veut créer 10.000 emplois, pour des centaines de restaurants et une seconde Hamburger University (après celle de Hong Kong). KFC en annonce plus de 400.
Huiyuan, 1er presseur de jus de fruits du pays, se remet fort bien du veto par l’Etat de son rachat par Coca-Cola: des discussions sont en cours avec plusieurs autres groupes, dont… Coca-cola, préparant une nouvelle offre plus limitée.
En pharmacie, les grands groupes mondiaux se positionnent pour obtenir leur part du marché nouveau, généré par la refonte de la santé chinoise. Le français Sanofi, n°4 mondial annonce par la voix de son PDG Chr. Viehbacher 100M² dans l’expansion d’une production anti-diabétique à Pékin, et le transfert à Pékin d’une usine de Hangzhou (remèdes du cancer et des troubles cardiovasculaires). Il s’agit d’un changement de concept global : s’affranchir de la dépendance à une poignée de produits phares, et passer aux génériques en pays émergents. Donc : passer d’une médecine de riches, à une de pauvres.
Novartis fait un choix similaire, et veut créer dans l’année des centaines d’emplois (en plus des 3500 actuels), intensifier ses tests cliniques en Chine, la R&D et la production locale de six molécules nouvelles.
D’autres groupes semblent tentés d’utiliser la crise pour régler un problème interne : tel Wal-Mart, le distributeur qui tentait d’imposer (15/04) le «déplacement» de 1400 cadres intermédiaires, sur ses 50.000 actifs chinois. Ils devaient accepter un poste dans une des 147 grandes surfaces, ou souffrir une baisse de salaire, ou le licenciement. Puis après six jours, Wal-Mart cède: «après accord avec le syndicat» (sic), Wal-Mart renonce à sanctionner ces personnels (sans doute, les syndicalistes) qui refusaient de se faire déloger. Fin provisoire d’un vieux duel entre la firme américaine et le syndicat unique
Une autre partie serrée se joue entre aciéries chinoises, Pékin et groupes miniers australiens, Canberra, sur la ruée des Chinoises riches, vers les Australiennes en mauvaise posture. L’aciérie Anshan veut renforcer son contrôle de la mine Gildalbie pour 113M$-mais Canberra, sans dire non, lui ordonne de revoir sa copie. Ici, le conflit est patent entre le cabinet du sinophile Kevin Rudd, et l’opinion «aussie» hostile à laisser cet étranger prendre le contrôle de ses richesses.
Sommaire N° 14