Pol : Petits pas dans les Droits de l’Homme

Le 14/04, le Conseil d’Etat dévoile un plan des droits humains, sorte de ligne directrice d’ici 2010, en quatre chapitres et 163 mesures. Parmi celles-ci, une liste de prescriptions destinées à éradiquer la torture policière (une barrière entre questionneur et suspect, lequel doit être médicalement inspecté avant et après l’audition), et d’innombrables mesures en faveur des femmes, des enfants, des chômeurs, des vieillards et handicapés…

En tant que 1er effort du genre en ce pays, et pour sa volonté d’universalité dans la protection sociale, le plan a été salué (cela aussi est rare) par Amnesty International, qui déplore quand même l’absence de toute mesure sur les 劳改所 laogaisuo, camps de travail échappant au contrôle de la justice. D’autres, tel l’avocat dissident Li Jinsong, se demandent si ce texte changera quoique ce soit à la pratique du pouvoir en vie réelle.

Détail symbolique, l’initiative arrive le jour du 20ième anniversaire du décès de Hu Yaobang, célèbre réformateur, événement qui avait provoqué le Printemps de Pékin. En même temps, on constate une série d’actions de harcèlement contre des dissidents de cette époque, tel Qi Zhiyong (embarqué le 15/04), Jiang Qisheng (surveillé). Dans ce contexte, ces actions et le plan apparaissent deux moyens du régime pour affronter ce souvenir dramatique, qu’il ne parvient pas à faire oublier. Témoins, ces étudiants de Hong Kong, qui mènent un scrutin sur la question: « faut-il changer le jugement officiel sur le Printemps de Pékin ?», établi à l’époque comme « séditieux et contre-révolutionnaire ».

Cette tension est aggravée par une kyrielle d’incidents sociaux, reflet de la crise : manifestations de taxis à Yueyang (Hunan, le 10/04), d’ouvriers textiles à Fuling (Chongqing, le 14/04), de propriétaires grugés à Shenzhen (le 14/04), une violence mafieuse à Canton (16 arrestations le 14/04). Ou encore cette inspection d’urgence par 100.000 agents d’Etat, de tous les greniers du pays, suite à la découverte de cas de déstockage frauduleux de grains, dans le Heilongjiang (« Fujin N°90 ») et dans l’Anhui.

En filigrane de l’apparente nervosité publique, on croit lire un besoin impérieux du pouvoir, de défendre le principe de l’infaillibilité du Parti et sa ligne de non-réforme politique. Faute d’avoir en réserve des concessions à offrir à la base. Tel est l’apparent prix à payer pour maintenir le fragile consensus entre tendances au sein de l’appareil : leurs oppositions traditionnelles s’exacerbent sous les difficultés de la crise.

 

 

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