A la loupe : Le protestantisme, un ‘poil à gratter’ de moralité ?

Introduit en Chine au début du XIX. siècle, le protestantisme comptait en Chine moins d’1 million de fidèles en 1949, contre 4 millions au catholicisme. En 2005, ils étaient 50 millions. Sorti il y a 10 mois, le rapport de Tocqueville (US) sur cette église chinoise estime que les «chrétiens non enregistrés (protestants à 80%) pourraient être le 1er groupe social autonome du pays». Si l’on ajoute que ces croyants se réunissent au foyer, comme les 1ères communautés chrétiennes sous l’empire romain, ou… comme les cellules communistes des temps héroïques d’avant ’49. Ce qui explique la surveillance rapprochée sur ces chapelles de salon. Ils sont en tout cas le groupe en expansion le plus rapide: ils devraient atteindre 10% de la population ou plus, 140 millions dès 2020.

Leur bond en avant est soutenu par les milliers de paroisses chinoises à Hong Kong, Singapour, en Australie, aux USA, au Canada (80, rien qu’à Vancouver), dont des membres viennent investir en Chine, mais aussi prier. Chez elles, elles attirent les étudiants chinois fraîchement débarqués. Elles soutiennent aussi leurs soeurs de Chine, en financement et en catéchèse.

Depuis 20 ans, les protestants chinois bénéficient d’une mutation d’image auprès des hauts milieux socio-économiques et politiques. Selon un de ses pasteurs, cette église a «brisé son statut de clandestin et se présente comme phare». Elle prêche un message innocent pour la pratique (par la foi) des valeurs quotidiennes (honnêteté, mariage, famille), contre l’aventurisme de mots d’ordre comme «salut national» ou «défense des droits civils». Elle refuse aussi le concept d’église «patriote», prôné par le régime: très sérieux, ces protestants ne croient qu’en Dieu, qui n’a pas de frontières.

Le travail de charité s’étend, soutenu par les églises-soeurs de l’étranger : des milliers d’oeuvres protestantes (écoles, orphelinats, homes) jaillissent dans le pays, la plupart en petite structure, faute d’un statut légal toujours interdit. Certaines sont directement financées par un PDG chinois, protestant millionnaire.

En somme : on voit jaillir une communauté libérée des complexes de cette société paralysée par manque de références morales. Les protestants embarrassent l’Etat, lequel conscient de leur utilité, tente de freiner ces rivaux potentiels, sans pouvoir les enrayer. Selon ce politologue, «tout ce qui leur manque est de croître en nombre, statut, et ressources financières». Autrement dit, le temps d’une à deux générations !

 

 

Avez-vous aimé cet article ?
Note des lecteurs:
0/5
9 de Votes
Ecrire un commentaire