Pol : 2009, quatre anniversaires de feu

2009, quatre anniversaires de feu

Le hasard de l’histoire fait que cette année de feu coïncide avec quatre anniversaires d’événements où la rue s’éleva contre l’ordre établi :

s le 10 mars, le 50 ème  anniversaire du  soulèvement tibétain, suivi de l’exil du Dalai lama.

s le 4 mai marquera le 90ème anniversaire du Mouvement du 4 mai, une rébellion des jeunes en 1919, contre un Etat accusé d’avoir mal dé-fendu la cause nationale au traité de Versailles.

s le 4 juin est le 20ème du Printemps de Pékin.

s le 1er octobre marque le 60ème  de la fondation de la République populaire de Chine.

 

Ces dates sont pour la société autant d’étapes de réflexion et de bilan du régime -mais au risque de dérapages, dans cette atmosphère de tension. Pékin se prépare (cf autre article du Vent °01), par un programme d’embellissement et de sécurité de la capitale, qui voudra rivaliser en fastes avec les JO 2008, en décoration florale des artères et de Tian An Men, assorti d’un défilé militaire «austère et digne» (sic). Les mesures de sécurité aussi, seront dignes de celles des Jeux, incluant la multiplication des permis d’accès aux résidences et aux lieux de travail. Un plan signé Meng Jianzhu,  le ministre de la sécurité publique.

 

Taiwan-Chine : l’intégration remplace la réunification

Durant les 10 ans de règne du parti autonomiste DPP sur Taiwan, le rival nationaliste Kuo Min Tang attendait son heure pour relancer le dialogue avec la Chine. Depuis sa reprise du pouvoir en mai 2008, quand Ma Ying-jeou a endossé l’écharpe de Président de la République, les contacts avec Pékin ont repris à étapes forcées. Rétablis le 15/12, 432 vols passagers par mois (et 60 vols cargo), relient des dizaines d’aéroports des deux rivages, 20 navires/jour de même, entre 63 ports chinois et 11 de l’île.

De plus, des négociations sont en cours en tous domaines pour une intégration économique totale, qui ne peut se comparer qu’avec celle de l’Union Européenne : manière de retarder, mais aussi de rendre futile la question qui divise, celle de la réunification.

Côté financier, les deux rivages vont mettre en place un mécanisme de supervision de sept banques taiwanaises dont First Commercial et Hua Nan, ce qui leur permet de convertir leurs bureaux en Chine en agences, et de prêter à leurs clients insulaires installés en Chine. Besoin urgent, car ces 150MM$ d’investissements risquent la paralysie ou pire, faute de crédits pour financer leurs opérations. Pour leurs besoins immédiats, trois banques publiques chinoises (ICBC, BdC et CDB) ont débloqué 19MM$.

Dans d’autres domaines, entre autres projets, figurent l’ouverture réciproque des marchés du génie civil, et l’offre d’achat par Pékin d’écrans LCD taiwanais pour 2MM$. Les avocats recevront la licence de l’autre bord, sans que l’on sache s’ils pourront plaider ou simplement conseiller. L’ouverture profitera aussi aux groupes d’énergie, d’électronique, de pharmacie.

On parle aussi -au malaise manifeste de Washington, et d’intérêts américains- de coopération politique. Hu Jintao envisage -tournant bouleversant- de laisser Taibei siéger à l’OMS, «à condition que la démarche exclue toute notion d’indépendance». Il  tend la main au DPP, lui murmurant que toute reddition de sa part, sera récompensée, et va jusqu’à proposer d’«explorer la possibilité d’un mécanisme de confiance sécuritaire et militaire mutuelle » – prélude au démantèlement des 1400 missiles balistiques pointés sur Taiwan. Échange de bons procédés, en face, Ma Ying-jeou offre de lever l’interdiction aux fonctionnaires de rencontrer leurs homologues communistes. Battant le fer tant qu’il est chaud, les deux régimes conviennent de se rencontrer à niveau ministériel tous les six mois… Tous ces projets qui fourmillent en sont  aux balbutiements. On en saura plus avant l’été, lors de la signature d’une « déclaration d’intention ». Une chose en tout cas est sure : avec Ma au pouvoir, rien ne sera plus comme avant.

NB : Triste symbole d’échec d’un rêve : pendant ce temps, son prédécesseur DPP Chen Shui-bian, convaincu de corruption, va passer les fêtes du Chunjie en prison !

Le retour de la grippe aviaire

Alerte rouge à Pékin, après le décès d’une jeune fille le 5/01-cas confirmé de grippe aviaire. Aussitôt, un cordon routier et ferroviaire fut imposé à toute volaille de la province, vers la capitale. Détail rassurant toutefois : seule la morte avait manipulé les bêtes vivantes, et aucun des 12 convives ayant consommé avec elle n’a été atteint : prouvant que le virus H5N1 n’est -toujours- pas transmissible par l’homme.

Ayant causé 391 infections humaines dont 2/3 fatales, le H5N1 n’est maîtrisé ni en Chine, ni ailleurs. En décembre, deux épizooties violentes dans le Jiangsu ont nécessité l’abattage de 370.000 volailles.

Entre la vaccination et les destructions sélectives, la Chine a constitué depuis 2003 un bouclier solide. Mais pas assez, déplore l’OIE, l’Office International des épizooties, l’organe mondial vétérinaire sis à Paris. B. Vallat son directeur estime que Pékin ne dédommage pas bien les éleveurs, qui préfèrent cacher tout mal suspect dans leur basse-cour, rendant vain tout espoir d’éradication du fléau. L’OIE craint aussi l’effet de la crise, qui inciterait les pays à relâcher la garde sur la grippe aviaire, en coupant dans leurs budgets de lutte.

 

 

 

 

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