Wen Jiabao débuta son rapport sur un ton rassurant, évoquant les succès de son 1er quinquennat : de 2002 à 2007, fit-il, le PIB grimpa de 10,6%/an, à 22.660 MM¥ : + 2/3 en 5 ans. Le budget public fit mieux, +171% à 5130MM¥, tandis que les réserves en devises passaient à 1520MM$ et le commerce extérieur à 2.179 MM$ : de 6ème trader planétaire, la Chine est passée 3ème, talonnant l’Allemagne.
En 5 ans, 51M emplois furent créés. Le revenu citadin monta de 80% à 13786¥, celui paysan de 90%, à 4140¥ – ce dernier, par l’abolition de toute taxation paysanne, et par l’octroi de 1600MM¥, sous forme de routes (1,3Mkm rénovés ou construits), d’adduction d’eau (97,5M de bénéficiaires), ou d’irrigation capillaire – (6,3Mha)… Promesse tenue (selon Wen) : la gratuité des écoles rurales en zone pauvre, moyennant 2430MM¥ en 5 ans, changea la vie de 150M d’externes et 7,8M de pensionnaires.
En infrastructures, la Chine lança ou réalisa, dans la période, les plus grands chantiers du monde: la ligne ferroviaire Qinghai-Tibet (1300km,passant à 5000m), un gazoduc, une ligne à haute tension Ouest-Est, le barrage de Xiluodu (succédant à celui des Trois-Gorges), la (future) ligne de TGV Pékin-Shanghai. Le réseau électrique gagna chaque année un parc type « Royaume Uni » (70Gw/an). Ces 5 ans virent l’arrivée de 28000km d’autoroutes, et de 568 appontements pour cargos de plus de 10.000t. L’effort titanesque, bien sûr, va se poursuivre, visant par ex. 244 aéroports en 2020 contre 147 en 2006 : alors, 82% de la population vivra à moins de 100km ou 90 minutes d’un aéroport, pour un invest prévu de 60MM$. Le réseau ferroviaire de 74.000km en 2005, atteindra 120.000 dans 12 ans…
En défense environnementale, Wen Jiabao jugea digne de mention la reforestation de 32Mha d’anciens champs, et le retour en friche de 33Mha, tandis que l’an dernier, la dépense en énergie dans la production industrielle (par %age de PIB) baissait enfin de 3,27%, celle de DCO (indice de pollution de l’eau) de 3,1%, et celle de SO² (indice de pollution de l’air) de 4,66%.
Après ces chiffres ronflants, Wen pouvait asséner à son public un électrochoc : « la note de la croissance est exorbitante, en terme de ressources et d’environnement… Des obstacles institutionnels et structurels s’amassent » : la Chine ne pouvait plus poursuivre ainsi, le moment était venu de refroidir, voire stopper la machine à argent facile. Mais dans les couloirs, les réactions suggérèrent que le message ne passait pas : la majorité des édiles continuèrent impavides à échanger leurs tuyaux, faire du «networking» pour investir, placer, gagner toujours plus!
Sommaire N° 9