Argent : Industrie – fermeture du géant des sacs plastiques

L’ABC, banque paysanne : départ imminent

Annoncé le 5/03, le passage de la banque de l’agriculture (ABC) sous actionnariat se veut le symbole du régime à ouvrir au paysannat des sources crédibles de finance. «Sous 3 ans», selon son porte-parole, la banque rurale sortira de sa chrysalide, avec des actionnaires tels China Life, puis passera en bourse. Chen Yuan, son gouverneur, resterait son Président. La CIC (China Investment Corporation) devrait y prendre une part (la part publique de son désendettement tournait en décembre autour de 50MM$).

Pour cette sortie du rouge, le moment est bon : en 2007, l’ABC affiche des profits (+ 64% – 8,9MM²),+51MM² de dépôts, +30,6MM² de prêts, -5,3MM² de mauvaises dettes. Dès le 28/02, l’autorité boursière dote l’ABC d’un outil préparé depuis des ans: une co-entreprise de gestion de fonds avec Crédit Agricole (33%) et Chinalco (15%).

ABC-CA offrira donc des fonds mutuels, permettant à la banque rurale de rejoindre ses trois soeurs (grandes banques publiques) sur ce lucratif marché de l’épargne. Pour rattraper son retard sur elles, l’ABC peut compter sur l’expérience du Crédit Agricole sur les marchés asiatiques, et sur son propre immense réseau d’agences à travers le territoire !                                                     

NB : la China Development Bank elle aussi, banque «politique» des infrastructures, prépare sa chasse aux partenaires et l’entrée en Bourse.

 

Industrie – fermeture du géant des sacs plastiques

1er fabricant chinois de sac plastique, Hua Qiang, filiale de Nanqiang Plastic (Canton) a fermé mi-janvier à Luohe et Suiping (Henan), laissant 20 000 employés au chômage. La fermeture était inévitable après l’interdiction au 1/06/2008 par le Conseil d’Etat des sacs plastiques de moins de 0,025 mm d’épaisseur, en distribution libre. Trop fins pour être recyclés, ces sacs se retrouvaient trop souvent dans la nature, danger mortel pour la faune et la flore, qui mettra deux siècles à disparaître. Or 90% de la production de Hua Qiang entrait dans cette catégorie -250.000t/an, bientôt sans clients.

Bonne pour l’environnement, la nouvelle l’est moins pour le Henan, région pauvre du centre du pays. Trop souvent, la Chine « Jaune » de l’intérieur, dans l’espoir de combler son retard industriel sur celle « Bleue » de la côte, accepte des productions navrantes au plan écologique. Hua Qiang était dans ce cas, mais réalisait 2,2 MM¥ de chiffre d’affaires annuel et trustait 50 à 100% du marché. Un patron (anonyme) d’une firme concurrente note que la fermeture n’était pas inéluctable -Hua Qiang aurait pu chercher un nouveau produit plus acceptable, et payant. Si la fermeture eut lieu si vite, 10 jours après la mise au ban des sacs gratuits, c’est sous le coup de la loi des contrats, juste amendée : presque 10% du personnel, avec dix ans d’ancienneté, avaient droit au CDI, ce qui allait coûter au groupe 10M¥/an de plus en masse salariale, et bien pire en indemnités, en cas de fermeture quelques mois plus tard…  Face à une telle perspective, la direction a préféré le sabordage, plutôt que de redresser le navire. Les machines recherchent déjà acquéreur (35 à 40M$ demandés). Pour les murs, et le personnel, c’est le black-out.

Immobilier – une potion contre flambée et bakchich?

Pour enrayer la flambée des prix fonciers sur son sol et la corruption, Shanghai a inauguré le 1er mars à Pudong/Liujiazui son Municipal Land Trading Market, centrale de commerce du sol. Accessible sur le Web, ce marché de 3000m² permet la cession et le transfert des droits d’usage de terrains pour construction commerciale, industrielle et résidentielle. Il est connecté par intranet aux bureaux fonciers des 19 arrondissements centraux et de banlieue, qui fonctionnaient jusqu’alors en vase clos, dans une vase propice aux passe-droits et dessous de tables à chaque étape de la vente.

Cette initiative est donc la suite logique de l’éviction de l’ex-« roi » de Shanghai Chen Liangyu, suite à un scandale financier et immobilier sans précédent. Elle est le 1er acte du pouvoir, en fait de reconstruction administrative, afin d’éradiquer la corruption systémique. Shanghai a été choisie pour sa concentration d’officiels « marrons » dans le foncier. En centralisant toutes les offres sur le marché et toutes les données liées, et en instaurant le principe de règles standardisées invariables, cette plate-forme offre aux acheteurs plus de transparence et leur permet de voir en temps réel l’avancement de la procédure, tout en limitant les possibilités de pression, cadeaux etc. De même, pour la mairie, l’ensemble des ventes sera traçable, permettant d’identifier tout dérapage et d’y remédier à temps. Bon moyen, selon Wang Shiyuan le vice-ministre du sol, de réduire l’«interférence humaine», et stabiliser le cours du terrain. Après Shanghai, l’expérience doit être étendue à toutes les métropoles en proie à la même fièvre.

 

 

Avez-vous aimé cet article ?
Note des lecteurs:
0/5
10 de Votes
Ecrire un commentaire