A la loupe : APL: une Longue Marche boulimique, qui inquiète

Pour la 20ème année consécutive, l’armée populaire de libération (APL) annonce une croissance à deux chiffres de son budget : +17,6%, près de 57MM$. Chiffre que Jiang Enzhu le porte-parole justifie ainsi : «notre nouvelle Grande Muraille» doit rattraper les faibles investissements des années 1980 (5,83%/an) pour mieux nourrir, habiller, former ses 2,3 M d’ hommes. Et Jiang de confronter la modestie de ce budget kaki, «1,4% du PNB», à l’ampleur de celui des Etats-Unis (4,6% et 515MM$), de la France (2%) ou de l’Inde (2,5%).

Ce tir de barrage, pour répondre aux «inquiétudes» du Pentagone, qui dénonce dans son rapport annuel au Congrès (5/03) le manque de transparence de cet effort de réarmement. De longue date, l’administration américaine estime les dépenses de l’APL au double ou au triple du chiffre officiel – jusqu’à 139MM$, cette année.

Ainsi, la Chine disposerait de missiles ASCM (longue portée, contre navires et leur base logistique), et d’ici 2010, des  DF31 et 31A (balistiques intercontinentaux).

Depuis 1998, elle aurait lancé une classe de navires/an, dont son croiseur Lu Yang (I & II) et les sous-marins Song, Shang et Yuan. En 2007, elle a détruit un satellite. Elle détient l’arme nucléaire, et prépare son porte-avions.

En résumé, l’APL reste «peu opérationnelle dans des actions à distance» mais se prépare à «des missions locales sous cadre di-gital». Elle démontre « le plus grand potentiel de rivalité avec les USA» et «une maîtrise de technologies militaires disruptives qui pourraient à terme, mettre en échec les atouts traditionnels US ».  Le rapport note que Taiwan s’apprête à conserver la parité, grâce à une méga livraison américaine (3,5MM$) qui comprendra 12 avions P-3C anti-sous-marin, des missiles antimissiles Patriot-2 , ou AMRAAM et Maverick, armant les chasseurs bombardiers F16 taiwanais…

A ce programme d’armement, on peut décrypter quatre sens.    

 [1] il est outil de prévention (ou de répression) de toute déclaration unilatérale d’indépendance de Taiwan.

[2] Il vise à atteindre, en 50 ans, le 1er niveau mondial —et donc, à rattraper le niveau technologique des forces US

[3] Il permet à la Chine de réduire la dépendance en fournitures depuis Moscou, dont il dédaigne désormais les équipements, sauf dernier cri (que le Kremlin ne veut pas fournir).

 Historiquement, l’APL sert enfin de « bras armé de la dictature du prolétariat » -cité par Deng en mai ’89 dans un discours secret, et utilisé peu après pour mettre fin au printemps de Pékin.

Enfin, la rivalité potentielle n’empêche pas, et peut-être même, favorise le dialogue—entre puissances militaires conscientes des risques de dérapage. C’est le moment qu’elles choisissent pour se doter d’un « téléphone rouge », négocié depuis des années, signifiant, précise le Pentagone, «un mécanisme à travers lequel nous pourrons parler… Mieux que par le passé » – à toutes fins utiles !

 

 

Avez-vous aimé cet article ?
Note des lecteurs:
0/5
10 de Votes
Ecrire un commentaire