Joint-venture : Danone surveille sa ligne

Danone surveille sa ligne

Le 5/02, sans grands détails, Danone et Weight Watchers annoncent une JV en Chine, contrôlée à 51% par ce dernier pour offrir dès 2009 des services d’aide à l’amaigrissement. Opération pertinente, car la Chine de 2005 à 2015, aura quadruplé le nombre de ses obèses masculins (à 9%), et triplé celui des femmes obèses (7%). Quant à la proportion de Chinois en surcharge pondérale (l’étape préliminaire à l’obésité), elle atteint déjà 22%. Avec cette JV, Weight Watchers bénéficiera de l’expertise de Danone sur les goûts du consommateur chinois, lui permettant de gagner du temps. Pour le groupe de Frank Riboud, l’enjeu d’un tel investissement est double.

– Quoique Danone ne compte pas, «dans un 1er temps», intégrer ses produits dans l’offre de la JV, ce pas est inéluctable – yoghourts maigres et eau d’Evian par exemple, devraient trouver leur place dans la diète chinoise.

– Surtout, Danone demeure en plein dans une tempête juridique où son partenaire Wahaha lui a infligé un nombre d’accusations émotionnelles, dans l’espoir de casser son image. Or, en se préoccupant ouvertement de leur ligne et de leur forme, la multinationale alimentaire ne peut que dissiper les doutes des clients chinois : s’imposer comme digne de confiance, remontant ainsi sa cote d’amour au Céleste Empire.

La Chine à l’heure des fonds souverains

Après le coup de cymbales du 1er février, où Chinalco, avec Alcoa (US), reprit par surprise 12% des avoirs de Rio Tinto en bourse de Londres, des détails transpirent, permettant de percevoir l’ampleur de l’enjeu. Les alliés souhaitaient racheter jusqu’à 14,9%, et disposaient de 24MM$ -10MM$ de plus qu’ils ne dépensèrent. Aujourd’hui, la rumeur leur prête l’intention d’aller, s’ils peuvent, jusqu’à 20%. Un écran de fumée entoure l’origine des fonds : en plein effort de fusion-acquisition de fonderies d’aluminium à travers les provinces, Chinalco ne semble pas en mesure d’assurer le service de sa propre dette.

D’autre part, laisser BHP-Billiton racheter Rio Tinto, signifiait pour la Chine, que 80% du minerai du marché mondial passait aux mains de deux groupes (BHP, le brésilien Vale). Sans compter que Vale pour sa part, négociait la reprise d’un autre minéralier majeur, l’anglo-suisse Xstrata.

Or, il est en Chine un acteur muet mais tout puissant : l’armée, surtout la marine qui ne pouvait accepter les bras croisés cette fusion risquant, à l’avenir, de bloquer son propre effort d’équipement. L’armée est-elle derrière Chinalco (groupe d’Etat)? Il se trouve qu’une autre grande entreprise d’Etat, la CDB (la China Development Bank) demande à Glencore de lui racheter à tout prix ses 35% dans Xstrata (même stratégie de «barrière coupe-feu » que pour Rio), tandis que CIC (China Investment Corp), le fonds souverain chinois à peine sorti des fonts baptismaux, discute avec un financier américain pour acquérir 16% de Fortescue – 3ème minéralier austral.

Il y aurait bien plus à dire sur l’avancée chinoise sur les marchés mondiaux, tels ces 30MM$ que la CIC s’apprête à injecter dans des fonds d’investissement, dans l’espoir de contrôler indirectement (invisiblement) les plus grands groupes mondiaux… On y reviendra !

 

 

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