L’année du cochon s’achève difficile, léguant à 2008, l’année du rat, d’éprouvants défis. Les catastrophes boursières et climatiques sont peut-être la chance qu’attendait depuis longtemps le régime, d’imposer les révisions douloureuses qui mèneront à l’économie durable!
Le Chunjie 2008 (春节, fête du printemps) passera dans l’histoire comme une fête ratée. Début janvier, la valse des étiquettes sur les marchés avait forcé Pékin à lancer ses inspecteurs sur 22 provinces, pour vérifier le respect du blocage des prix et l’approvisionnement des marchés en huile, porc, farine, lait et autres. Puis le gel sur 14 provinces et le chaos sur les transports ont plus encore dégarni les étals: pour le banquet nocturne du 6/02, moins de jiaozi (raviolis) au nord, de niangao (pudding de riz) au sud ! De plus, des 100aines de millions de migrants en route vers le bercail ont dû rebrousser chemin : les 2,3 MM de passagers des dernières années (entre bus, train et avion) ne seront pas atteints. Le 2 février, un nouveau front était annoncé renforçant le mal – beaucoup de gens ont subi une peine irrattrapable.
Tel est le climat tendu de ce début d’année que le 1er ministre Wen Jiabao n’hésite pas à prédire « la plus dure » (depuis longtemps) pour l’économie. Citigroup renchérit en déclarant que la bourse chinoise, hier la plus courtisée, vient de devenir la plus fuie de toute l’Asie. Et en guise d’avant goût, l’UE lui impose (2/02) une seconde enquête antidumping sur ses exports d’aciers laminés.
La priorité n°1 sera la relance de la consommation. En 2007, elle a monté de 16,8%, mais compte pour peu dans la croissance, par rapport aux investissements et exportations, qui devront reculer pour cause de crise monétaire américaine, et pour pouvoir espérer atteindre les 20% de coupe de consommation d’énergie promis d’ici 2010 (par rapport à 2006), et de 10% de la pollution. Pékin espère réduire sa croissance à 10,5% (-1%). Pour relancer le commerce, il prépare une prime aux paysans de 13% sur l’achat d’électroménager, et un règlement imposant des hausses de salaires pour gommer l’effet de l’inflation. D’autres mesures du même type sont à attendre… Cette année verra fleurir d’autres réformes : celle de l’administration, remodelée en super-ministères, celle du RMB (qui montera) et celle des finances. Un épais brouillard plane sur celles de la justice, de la police auxiliaire, et du droit foncier. C’est-à-dire d’outils d’un parti, dont le professeur Shang Dewen, de l’université Beida, n’hésite plus à écrire, en son dernier essai, que « sa mission historique est accomplie » !
Comme à chaque Chunjie, le gouvernement veut redorer sa cote, et multiplie les promesses écologistes ou de vie meilleure. Il interdit dès juin la pratique des sacs en plastique gratuits, sabre le projet haï de 10 barrages sur la Baijiao (Sichuan) qui auraient noyé la région, révise à 13 MKw (+3MKw) les petites centrales thermiques à fermer dans l’année ; il coupe de 80% les tarifs du téléphone portable hors-zone et évoque la fin, «sous 3 à 5ans» du 户口 hukou, passeport intérieur qui lie le paysan à sa terre. Enfin, le Chunjie cette année, est dépassé par un moment attend avec fascination : les JO, dont tous pressentent qu’ils changeront la face du pays, son image dans le monde !
Sommaire N° 5