INFORMATIQUE – 电脑
Informatique : Lenovo au Brésil
Encore un raid chinois sur le Brésil, après celui pétrolier (cf p.1): ces affaires pouvant être l’une et l’autre liées à la méga mission de Hu Jintao en juin 2007, avec ses 600 hommes d’affaires. L’électronicien Lenovo s’attaque au n°1 local Positivo Informatica (24% du marché, 1,6M d’ordinateurs produits), dont les ventes doublent presque chaque année. Pour le Pékinois, le moment est doublement bon. Trois années lui ont permis de « digérer » IBM, racheté en 2005, d’en absorber le réseau et l’expérience mondiale. Et à présent, la chute des affaires casse la part Positivo ,-76% depuis janvier… Affaire d’autant plus tentante qu’elle lui offrirait un grand marché local de l’ordianteur (n°5 mondial), à l’avenir assuré (pressenti n°3 en 2010). Tout en se créant un tremplin (une base de production) vers les USA. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres. Lenovo aussi a vu ses profits fondre (78%) au 3ème trimestre, et Dell aussi brigue les faveurs de la belle métisse, avec de bons atouts en main (ses actifs de 7,9MM$, ses 9% de ses ventes en pays émergents, en progrès de 20% cette année). Ce sera un combat «de titans», pour Positivo qui vaudrait en bourse 376M$, mais dont la transaction pourrait atteindre 800M$. En cas de succès, Lenovo «pèsera» 7,9% du marché global. En cas d’échec, il se rabattrait sur la branche ordinateur de Fujitsu-Siemens, projet en l’air depuis septembre.
Chassez la pub, elle revient -sur le net !
Quels sont les secteurs, en Chine, à qui la crise profite? On verra comment l’automobile chinoise rêve d’en être via ses marchés à l’export. La publicité en ligne elle, en fait déjà partie, à en croire la dernière étude de Nielsen, sur le 3ème trimestre. La TV reste bien n°1 avec 12,3MM euros (+19%), les quotidiens n°2 avec 2,44MM euros (+9%), mais internet se glisse en n°3 avec 413M euros (+42%), coiffant les magazines avec 311M euros, (+18%). La raison, explique Nielsen : à peine le dernier fanion des Jeux Olympiques replié, le marché de la pub s’est mis en berne, entendant les premiers grondements de la récession.
Pour 2009, la TV demeurera la référence (1,06MMeuros au monopole CCTV pour sa dernière enchère des temps de haute écoute), qui absorbe l’essentiel des budgets. Mais une fois placée cette valeur sure, les firmes soucieuses d’économies tentent «d’en avoir plus pour leur argent» -surtout sur le marché des jeunes, meilleurs clients de la toile, où ils viennent échanger et jouer. Ici, les bénéficiaires sont Sohu et Sina, les sites à gros débit.
D’autres ont pressenti ce report d’activité: comme Microsoft qui chipe à Yahoo son ex-boss de la pub en Chine, Qu Li. Ou comme Taobao (propriété Yahoo à 40%), le poids lourd chinois du commerce digital qui met la dernière main à Alimama, service de pub voulant aider ses 80M de petits commerçants à mieux vendre—et à leur faire payer leur « boutique » jusqu’alors gratuite.
Trois-Gorges, trois soucis
Fierté technologique du pays, le barrage des Trois-Gorges, le plus grand au monde avec (en 2012, à terme) 32 turbines géantes d’une capacité de 22.500MW, connaît trois soucis, qui viennent d’occasionner l’interruption discrète de la montée en eau de 145 à 175m, conformément aux plans. Après un mois de tentative, selon la révélation de l’hebdomadaire de Canton Nanfang Zhoumo, le niveau s’est bloqué à 172.47m.
Un problème était la navigation en aval. Paquebots de 1000 passagers et cargos de 3000t nécessitent un tirant d’eau de 3m, que le débit réduit ne permettait plus d’assurer durant le remplissage. De ce fait, l’administration fluviale de Chenglingji rapporte que les échouages ont été quasi-quotidiens durant la seconde moitié d’octobre, sur des centaines de km, en dépit d’une interruption du trafic durant 4 heures le 20/10, le temps d’un dragage qui n’eut d’effet que trois jours -le bas débit entraîne aussi le dépôt d’alluvions. La crise fut réglée le 31/10 avec le retour à un débit de 8700m3/seconde, puis l’interruption sine die de l’action.
L’interruption était aussi due à la prolifération des immondices de surface, dont le volume augmente quand le cours ralentit. Depuis début septembre, la flotte de collecte des déchets (51 bateaux), a remonté 40.000 t, et avoue perdre cette bataille. Dans l’intervalle, 33.900 heures humaines, 7.700 heures de navires furent dépensées, nécessaires pour maintenir propres les abords de la station de pompage de Wanzhou, mais sans empêcher le réservoir d’être ailleurs recouvert d’ordures, cadeau malodorant de toutes les villes riveraines. Pourtant il y a 10 ans, le 1er ministre Zhu Rongji promettait 30 stations d’épuration.
Aussi préoccupant quoique « sans conséquences », selon les responsables, le dernier souci tient aux 4719 chute de falaises constatées durant le remplissage, précipitant des M de m3 de loess dans le fleuve. Selon la Commission des ressources du Yangtzé et un institut géographique nankinois, 627 au moins de ces chutes étaient « associées » au remplissage…
Autant de problèmes qui avaient été pressentis par la communauté scientifique 20 ans en arrière. Au point qu’au moment du vote au Parlement (ANP) en 1992, un tiers des élus s’étaient opposés au gouvernement (300 contre, 700 abstenus) : c’était le record de fronde parlementaire de l’histoire du régime. Suite à quoi le chantier démarra quand même en 1994. Li Peng, le 1er ministre de l’époque, était ingénieur hydraulicien, formé à Moscou, notoire supporter des mégaprojets.
NB : au-delà de ses effets indésirables, le barrage a déjà remboursé à l’Etat, en taxes, en cinq ans, près de 3MM$ – soit 15% de l’investissement. Le projet verra son achèvement en 2012, après la pose des six dernières turbines.
Sommaire N° 40