La Chine s’apprête à vivre une formidable pression en matière d’énergie, coincée entre un passage trop rapide (en 20 ans) au monde moderne, et une tradition d’énergie «subventionnée» et «inépuisable». La récession arrive, pour balayer cette illusion de 60 ans, pratique non durable: des bouleversements se préparent!
[1] Une vraie taxe au carburant
Enfin les conditions sont mûres pour elle, avec un cours mondial du pétrole éreinté (47$/baril), l’inflation idem (2,4%), une consommation en recul. Aussi, l’Etat ose enfin lancer son vieux projet. Au 1/1/09 la taxe à la pompe, jusqu’alors symbolique, quintuplera à 1¥ par litre. Comme l’Etat s’est gardé de répercuter la chute du cours, il va s’offrir le luxe, une fois la taxe instaurée, d’un prix à la pompe plus bas qu’avant (-9%, voire -22% selon les produits). De quoi rassurer le citoyen ! Le produit de cette taxe (qui en remplace six autres) ira à l’entretien des routes et en prime aux usagers pauvres, dont les paysans.
NB : la taxe pénalisera les gros cubes, et les routiers : meilleure incitation qui soit, à un report vers un marché des voitures légères et peu gourmandes !
[2] La naissance d’un véritable marché du pétrole
Leur marché historique saturé, les pétroliers de l’Ouest doivent investir en Chine, en demande de leur technicité et appoint en service. Exemple, BP dont le directeur des opérations Tony Hayward veut «à moyen terme» tripler son investissement chinois, aujourd’hui de 4,6MM$. En face, les pétroliers locaux doivent souffrir un zeste de concurrence, mais l’alignement sur les conditions mondiales, leur garantissent de vendre chez eux à profit. Forts de cette promesse, ils partent plus que jamais à la conquête du monde. Exemple, l’ExImbank, sans doute au nom de la Cnooc, offre au monopole brésilien Petrobras 10MM$ «pour commencer» pour développer des gisements immenses en eaux profondes au large de Rio. La seule poche du Tupi porterait le Brésil, en réserves, à l’égal de l’Arabie Saoudite. Le ministre brésilien E. Lobao commente: «Emirats, Canada et Japon sont aussi candidats, mais nous ne donnerons pas forcément suite : pour cette valeur sûre, le crédit se trouvera toujours, et pas la peine d’aliéner le patrimoine de la nation ». Le Président Lula veut créer un second groupe pétrolier, dont les profits alimenteraient les programmes sociaux du pays.
[3] On note la libération «l’an prochain» du prix du charbon, qui permettra aux gros charbonniers de produire à profit, et donc d’investir. On voit aussi les progrès rapides des renouvelables, telle cette centrale solaire bâtie au Yunnan par Huaneng l’électricien, d’une capacité de 166Mw, pour un prix record de 1,3MM$
NB : Touts ces efforts fébriles pour satisfaire une demande énergétique exponentielle, se produisent alors que la consommation justement chute : durant un voire plusieurs ans, on risque un équipement excédentaire – bonne occasion pour éradiquer les vieux outils polluants!
Sommaire N° 40