Maersk, vent debout
Anodin en apparence, un incident mineur déclencha l’émeute à l’usine Maersk de conteneurs de Machong (Canton, 14/01).
A la cantine, un soudeur migrant avait sauté la queue. Les vigiles le taxèrent de 200¥, puis de 1000¥, vu son insoumission. Des coups furent échangés : par 100aines, les ouvriers chassèrent les gardes, mirent à sac le bâtiment administratif, le bloc des vigiles. Le non-dit, ici, tient aux soucis de Maersk, qui doit supprimer des milliers d’emplois aux US, et cherche à rattraper en Chine le manque à gagner.
Selon Voice of America, Maersk aurait poursuivi une politique dure et non négociée, d’amendes aux travailleurs, d’horaires alourdis. Il aurait exigé le rattrapage sans paie des 5 jours de congés hors Chunjie : vexation mal ressentie. Selon Han Dongfang, dissident et expert du droit du travail, réfugié à Hong Kong, l’incident de Maersk n’est nullement isolé dans le delta des Perles: chaque jour y verrait le débrayage d’au moins un groupe de plus de 1000 employés, sans compter un nombre de conflits plus petits. Les horaires sont souvent durs et la sécurité limités (40.000 doigts/an, perdus en accidents). La non-négociation est la règle, et pour protéger une situation d’investissements fragilisée, les autorités, le syndicat unique ferment les yeux. Dans le conflit Maersk, la police ne serait intervenue que pour conduire à l’hôpital le soudeur et un vigile, blessés. Depuis, la mairie locale poursuit une « procédure de conciliation ». Ainsi dans la province, réchauffent les éléments d’un cocktail social explosif !
Qualité alimentaire—Exit ISO-9000, entre le rabbi…
Mordechai Grunberg, rabbin américain, est un homme fort occupé. Avec sept experts de la Orthodox Union (qui certifie 400.000 produits à travers le monde pour la clientèle américaine), il inspecte les firmes alimentaires chinoises pour octroyer à leur produit le label kasher. Il décrypte les livres de comptes, visite l’usine, pratique les inspections surprises. Le groupe religieux vérifie la conformité aux règles de la diététique biblique, mais aussi à certaines normes actuelles : ainsi, depuis 2001, toute certification kasher en Chine, implique l’apposition d’un code-barre assurant sa traçabilité, ce que la loi chinoise n’impose que depuis septembre. Les rabbins ne pratiquent aucun test de labo, mais travaillent à leurs règles pragmatiques, validées par des décennies de travail. Le corps des inspecteurs est petit, soudé, et ses décisions (accord, rejet, exigence de modifications) sont sans appel: rejeté par l’un, aucun industriel chinois ne peut espérer gagner auprès de l’autre.
Or, de la sorte, cette filière juive constitue une chance inespérée pour l’interprofession chinoise.
[1] Car, presque seule à le faire, elle offre des règles claires, et la garantie de succès, une fois effectuées les modifications au processus de production ou de conditionnement : celles-ci réduisent à presque rien les plaintes, une fois le produit exporté.
[2] Après l’humiliation de l’été 2007 (les scandales à l’export des fruits de mer, dentifrice, croquettes pour chiens/chats etc), l’alimentaire chinois se refait une honorabilité « minute » aux USA, avec ce label. Dès maintenant, la moitié des 2,5MM$ de ces exports est kasher, du fructose au thon congelé, de la boisson énergétique aux colorants. Le marché a augmenté de 150% en deux ans, et le nombre de certificats a doublé à 150/an. Désormais, en Chine, la demande en rabbins est si forte, que les exportateurs paient pour les faire venir !
Sommaire N° 4