Editorial : La chute boursière, et après…

Le lundi 21/01 à l’ouverture de la bourse, glacée par la chute des cours américaine, la Chine céda à la panique.

5% des 4000MM$ de capitalisation disparurent au 1er jour, 7,2% le 22/01, pour remonter légèrement le 23/01à +3%. Même angoisse à Hong Kong, où les valeurs chinoises furent les plus malmenées (-12% le 22/01), tel les assureurs China Life (-16%), Ping An (-12,5%), ou le Pékinois Air China (-25% en 2 jours), qui paie pour son opération inamicale sur son rival shanghaïen China Eastern. Tout ceci commençant à ramener ces valeurs chinoises à des niveaux plus réalistes— « back to reality ».

Les banques sont étrillées, ICBC, la banque de l’industrie et du commerce, à 38% sous son plafond d’octobre, et la Banque de Chine à -35%. Subprimes? Pas seulement! Les mauvaises dettes des quatre soeurs ont baissé l’an passé de 7,51% à 6,7% : moins par la vertu de leur gestion que par l’explosion de leurs encours, surtout immobiliers, souvent mal sécurisés. En somme, même en Chine, le noroît se lève. Et l’on comprend à présent pourquoi la Banque de Chine vient de recevoir un quota de prêts annuel, écourté de 20MM$ : au vu de ses résultats de l’an passé, et de pertes encore secrètes à dévoiler !

Après 23% perdus en bourse de Shanghai depuis le 16/10, l’Etat réagit. La CBRC (China Banking Regulatory Commission) crée un groupe de travail « subprimes » avec les banques, pour prévoir l’étendue des dégâts. CBRC et CIRC (China Insurance Regulatory Commission) autorisent l’achat de parts d’assurances par les banques. Puis une dernière mesure sème la perplexité: des ventes records de titres sont annoncées (21/01) à Shanghai, pour 20MM², dont trois-quarts à Ping An, 3MM² au charbonnier Chenergy, 2MM² à China Railway Construction. Tentative osée vu la déprime actuelle, et signe que l’Etat veut redonner confiance aux actionnaires, tout en épongeant les liquidités excessives. Selon Louis Capital Market, Pékin garde au chaud deux instruments pour soutenir sa bourse et lui éviter la disparition de 50% de sa capitalisation :

[1] avec ses 1300MM$ de réserves, acheter massivement, et

[2] autoriser enfin le fameux «train express» des investissements directs, en bourse de Hong Kong, au HKSE, permettant aux Chinois d’acheter chinois hors Chine.

Toutefois, le prix à payer pour ce dépannage chinois, sera aux limites du supportable. Vu la baisse du taux d’intérêt US à 3,5% (22/01), l’Etat perdra cette année, sur ses avoirs en bons du trésor américains, 49MM$, soit plus que sa note globale au titre des Jeux Olympiques. Tout en exacerbant les spéculateurs, avec sa monnaie vulnérable…

Bizarre, comme après des années de croissance sans histoire, tant d’événements se bousculent. L’appel du monde paysan à la réforme foncière (cf p.2), la panique boursière, les signes  d’un dégel proche à Taiwan (cf p2), l’envergure donnée aux Congrès du Peuple municipaux et provinciaux (voir ci-contre). Tout ceci arrive à la veille du Chunjie, fête du printemps (7/02), l’entrée dans l’année du rat, 8 mois avant les JO, rendez-vous mythique où l’opinion attend la fin d’un cycle, le passage à un stade inconnu de son évolution. Surtout, ces péripéties sonnent le signal de la fin d’une croissance non-durable : l’obligation de quitter un modèle de vie à l’américaine, inadapté à ce continent.

 

 

Avez-vous aimé cet article ?
Note des lecteurs:
0/5
9 de Votes
Ecrire un commentaire