Temps fort : Stratégies pour sauver le lait chinois

La crise du lait est  sans conteste plus grave que toute autre en Chine, cumulant les effets de la récession aux conséquence de l’incroyable fraude de professionnels ayant « mouillé » leur lait à la mélamine, poison mortel à haute dose.

Comment repêcher Sanlu, le principal tricheur, ex-n°2 mondial du lait maternisé, aux sept sites productifs et 30.000 ouvriers? La production vient de reprendre sous la marque de Sanyuan, la laiterie pékinoise, à qui le pouvoir s’apprête à confier sa propriété. Choix logique : Sanyuan est un des rares grands à la réputation intacte, après avoir été «blanchi» (si l’on ose dire) par le test national de qualité en septembre. L’actionnaire Fonterra (NZ) perdra ses 43% de parts, ses 38M² d’invest, et plus encore : il inscrit à son budget 58,5M² de pertes, en dédommagement aux victimes et frais d’élimination du stock. Pour autant, ce 1er laitier mondial n’est pas trop à plaindre, exportant vers la Chine depuis lors, 10 fois plus de son propre lait, un des rares dont le Chinois veuille encore. Il s’y trouve avantagé par sa monnaie, le $ neo zélandais, dévaluée de 30%, et des nouvelles laiteries qui émergent dans la nuit, pour faire de nouveaux produits « fiables » et « honnêtes », menaçant de mort au moins une fraction de l’industrie.

Car voici la vraie question, celle du sauvetage du secteur, dont le marché de lait, glace, fromage a régressé de 20 à 30% depuis septembre.

Le plan de l’Etat consiste à forcer d’ici octobre 2011 les laiteries à produire par elles mêmes au moins 70% du lait qu’elles transforment, et au moins 30% en fermes de plus de 100 têtes. Avant octobre 2009, l’interprofession aura dû s’imposer des normes de traite, d’hygiène, teneur etc. Et avant fin 2008, le marché (production, transformation et vente) devrait être retourné à la normale…

Raisonnable en soi, ce plan garde une lourde incertitude. De l’avis des professionnels, il n’offre aucune garantie contre d’autres fraudes futures, frappant d’autres secteurs alimentaires tels les vins, la pâtisserie, les surgelés…

Sous l’angle social, pointe un autre danger : comment transférer vers ces méga-élevages, désormais obligatoires, les 14,3M de vaches, sans spolier leurs propriétaires paysans?   Les grands groupes sauront se retourner, Mengniu, par exemple, qui prétend sous deux ans, ouvrir 20 fermes de 10.000 vaches, et faire passer son auto-approvisionnement de 30 à 70%. Mais le problème est celui des 2M de petits éleveurs, des milliers de micro-laiteries précaires : Pékin saura-t-il leur préserver une place ? Se laisseront-ils liquider sans se défendre ? Sans compter cette menace déjà évoquée, des importations : on voit mal des géants comme Mengniu ou Yili survivre, amputés de 30% de leur marché et de toute croissance future. A moins que Pékin ne «trouve un truc» pour fermer les frontières, contournant les règles de l’Organisation mondiale du commerce.

 

 

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