Comment la Chine dépassera-t-elle son fléau de la pollution ? L’Organisation non gouvernementaile canado-suisse IIDD (Institut int’l de développement durable) conseille le Mofcom depuis 2006, et vient de sortir (25/11) ses «recommandations à propos de la filière bois, coton et déchets électroniques. A Pékin, son Président D. Runnalls nous les a présentées, jetant une lumière précieuse sur ces politiques, qui dans cinq ans, changeront l’image du pays.
● La Chine est le 1er pays du e-déchet, en tant que 1er producteur des produits neufs, et recevant des volumes énormes (12 à 14Mt/an) de ces objets en fin de cycle. Ces livraisons sont clandestines : Pékin interdit, mais sans pouvoir faire respecter sa loi. Mais par son ban légal, il se prive de réglementer ces flux qui sur le papier, n’existent pas -mais bien dans les dépôts d’ordures, où 700.000 pauvres s’empoisonnent à brûler, marteler et dissoudre ces déchets pour en extraire les matières précieuses (or, argent) en volumes infimes… L’IIDD recommande de légaliser l’activité par l’octroi de licences, d’encourager la recherche dans le design pour rendre les e-déchets aisément recyclables, et de créer les standards mondiaux du e-déchet, de manière à renforcer son emprise sur ce trafic générateur de profits et d’emplois.
● En matière de bois, la Chine importe 80Mt /an de vieux papier, 50% de ses besoins en cellulose. Mais elle s’attire une image désagréable en coupant à blanc les forêts (40Mt/an) des pays incapables de se défendre : 40% du bois russe et indonésien, 90% de l’africain. Ici, l’IIDD recommande d’aider ces pays, par subvention et formation, à renforcer leur administration, à passer aux coupes sélectives, et à faire certifier les meubles, comme produit d’une collecte responsable—conservant ses sources de bois et évitant le boycott mondial qui pointe à l’horizon.
● En matière de coton, qui pollue les sols par un usage immodéré de pesticides, Pékin est prié d’aider ses fournisseurs africains (Maliens, Nigérians) à passer à des cultures à fibre longue et à basse pollution, améliorant sa matière 1ère et son image.
Du travail de l’IIDD, on retient 2 leçons. [1] Plus que les Etats, les multinationales sont en état de faire reculer les agressions de la vie moderne sur la nature. Ayant pour ce faire, une puissance d’intervention technique incomparable et leur réactivité à l’opinion -aux choix du consommateur. [2] Si le MofCom fait appel à l’étranger pour l’aider à préparer des politiques nouvelles qui changeront la vie des Chinois, c’est… par inquiétude de voir le ministère de la SEPA, (State Environmental Protection Administration) concurrence redoutable, truster l’action environnementale, priorité de tout pouvoir chinois d’ici 20 ans. Par leur recherche de terrain et rôle de laboratoire politique, l’IIDD et d’autres viennent aider le ministère du commerce à guerroyer sur le terrain de son rival de l’environnement.
Sommaire N° 38