Argent : La banque et l’alcool chinois ont la cote

Dépression : n’achetez rien—sauf chinois

En période de crise, n’achetez rien—sauf chinois : c’est ce que semble prouver les affaires qui suivent!

[1] A peine refinancée (25MM$) par le Trésor US, Bank of America (BoA, n°3 national en dépôts), tout en peaufinant sa reprise (50MM$) de Merrill Lynch, exerce son droit de rachat de 10% de la banque chinoise China Construction Bank (CCB). Elle en avait déjà 10,8%, acquis en 2005 pour 3MM$, puis en juin dernier (1,9MM$). Ce dernier rachat laissant soupçonner que la BoA préparait dès lors cette opération triplement bénéfique car indirectement payée par le contribuable américain, à 40% de réduction sur le cours actuel, et sans risque (CCB, banque d’Etat est insubmersible). Pour la CCB aussi, l’affaire est bonne: tout crédit étant bienvenu. [2] Goldman Sachs, rebaptisée «banque commerciale» en catimini pour avoir droit au renflouage par Hank Paulson, paie 50M$ pour 25% du distillateur privé Kouzi (Anhui, 34M bouteilles en 2007) : ce n°15 du secteur va renforcer production et ventes, sur un marché ayant progressé de +61% en neuf mois.         [3] Pour 710M$, Itochu, le trader nippon achète 20% de Ting Hsin (fast-foods, nouilles instantanées). Entre ces deux géants, la relation est ancienne. Depuis 2004, via Ting Yi, filiale off-shore de Ting Hsin, et 1er conserveur chinois, Itochu avait une JV et 13 filiales de boissons non alcoolisées.

 

Les derniers jours d’un certain sport chinois

Pas à pas, le football chinois poursuit sa descente en enfer. Le 12/11 à Pékin, un match préliminaire de ligue d’Asie s’acheva en rixe télévisée entre le 11 local ‘Guo’an‘ et le ‘Kangshifu‘ de Tianjin -entraîneurs compris. Suite à quoi Jiang Heming, directeur de CCTV5, la chaîne sportive, interdit d’antenne (17/11) tout match de la Superligue, dénonçant la carence des joueurs en éthique professionnelle, et justifiant sa sanction par le souci de sauver le foot local d’une autodestruction autrement certaine.

Le bras de fer politique se poursuivit 8 jours après, avec Dong Hua, porte-parole de la CFA, (China Football Association) l’«association», en réalité l’organe de contrôle de masse. Dong minimise l’affaire à un simple incident d’athlètes dû à l’«esprit de compétition». Mais toute la presse s’en mêle, ressassant le bilan accablant: perclus de vices, incompétent, ce foot est 98ème mondial, au même rang que la Barbade (280.000 hts). Les matches truqués sont si fréquents que la Loterie du foot, depuis 2001, organise les paris sur les scores des ligues britannique ou italienne et non la Superligue. Et ce dernier scandale succède à un autre en octobre (VdlC n°32), quand le club Guanggu de Wuhan avait été exclu de la Superligue pour avoir contesté la suspension d’un joueur par la CFA – il s’était alors auto-sabordé.

Un détail insolite, dans cette affaire, est le conflit ouvert entre CCTV et CFA: généralement, les instances publiques préfèrent régler leurs affaires en interne. Autre réaction improbable : la décision du directeur de la TV d’exclure de ses programmes un corps professionnel très en vue. Mais dans un pays sous contrôle (surtout dans ses media), on peut supposer qu’un cadre même de ce rang, n’a pas un tel pouvoir—qu’une décision de ce type se prend collégialement, à plus haut niveau. Tout se passe comme si, au sommet, « on » avait décidé le grand ménage du ballon rond,dans un projet nationaliste (donner à cette Chine-là aussi la place mondiale qui lui revient), ou populiste (ne pas humilier la rue, surtout à un moment de grande tension économique). Pour l’instant encore la presse évite de citer la raison structurelle du dévoiement de ce sport : l’absence d’un réseau dense de clubs indépendants. Mais l’entrée en lice de la CCTV pourrait signaler un tournant…

NB: une autre affaire sportive défraie la chronique : Yu Fen, ex-entraîneuse nationale de plongée ayant généré bien des records olympiques et du monde, accuse sa successeur d’avoir détourné pour des M de ¥ de primes qui lui revenaient, et son administration la SAC, d’avoir commis des faux. Histoire glauque, qui prouve que la gangrène gagne tous les domaines du sport : après les JO, et le sport sous contrôle afin de produire des médailles pour le Parti, on passe à autre chose, le système expose son absence de rentabilité, tandis que les sportifs réclament leurs droits.  

 

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