Ce week-end, le Président Hu Jintao était à Washington au G20, au chevet des circuits financiers et monétaires de la planète : une première mondiale invitant des pays émergents. Un sommet atypique aussi par son ambiance. La peur de la crise faisait reculer les égoïsmes nationaux : aucun leader ne voulait apparaître comme celui qui aurait fait obstacle à un remède à la crise. Le résultat a été un « plan d’action » unanime portant sur plusieurs outils à court ou à moyen terme, idées des Européens (N. Sarkozy, A. Merkel, G. Brown) :
– renforcer le FMI ainsi que les voix de pays comme Chine et Inde, – instituer un « collège innovant » de supervision des grandes banques, des fonds à risques, des sociétés de gradation des risques des valeurs (c’est un des outils à « exécution immédiate », devant être en place avant le 31 mars 2009, – une réglementation mondiale sur les opérations financières/boursière, – davantage de moyens financiers pour la relance.
Forte ambiguïté toutefois : G.W. Bush, l’impopulaire président sortant, refusa d’inscrire à son héritage la mort du libéralisme américain, et fit veto au principe d’un régulateur financier supranational. Et pourtant, celui-ci émerge, sous la forme du « collège innovant»… Il est vrai que ce sommet n’est que le 1er d’une longue série. Le prochain est pour avril—avec Barak Obama, l’habile grand absent, qui passe de plus en plus comme le sauveur obligatoire. L’avenir tranchera.
Dans ce Chorus, Hu Jintao, présent, fit le plein d’admiration et d’égards, comme un des seuls pays encore en croissance, et ayant produit le plan de relance le plus audacieux. Au reste, un Hu très discret, se retrancha dans une position chinoise traditionnelle bien connue : « c’est aux pays riches de régler ce problème dont ils sont responsables »…
Hu Jintao n’a pas rencontré le futur 44ème président des USA. Ils s’étaient toutefois parlé le 8/11 par téléphone, histoire de faire connaissance et, pour Hu, de tenter de désamorcer les promesses de protectionnisme anti-chinois proférées durant sa campagne. Pour la Chine entière, cet homme est un mystère, homme de minorité ethnique, parti de rien et ayant gravi seul les échelons de la politique américaine jusqu’au pouvoir suprême. Mais sur le fond, la saga Obama ne l’impressionne guère – à moins qu’à l’avenir, il ne réussisse à tirer l’Amérique de sa crise de confiance… La Chine jugera Obama sur pièce !
NB : Sarkozy s’e dit prêt à voir le Dalai Lama le 6/12 à Gdansk -il l’avait évité en août à Paris. Pékin affirme que « la relation en souffrira » : bras de fer !
Sommaire N° 36