Un fait majeur de la semaine en Chine, est l’éclatement d’incidents violents, selon une trame immuable – un fait divers qui dégénère, faute d’une réaction rapide et appropriée des autorités.
A Shenzhen (7/11), un motocycliste force un barrage : un policier lui jette son GSM, le fait tomber—il meurt. S’ensuit une nuit d’émeutes, voitures brûlées, pétards, commissariat lapidé… La mairie achète la paix, 20.000¥ de compensation à la veuve.
Ailleurs, des milliers de taxis se rebellent contre un système de licence inéquitable, détournant les 9/10èmes de leurs recettes. Ils dénoncent le système : un trop petit nombre de firmes en monopole, confiées en prébendes à des proches du Parti. Abus alourdi par la concurrence de clandestins: à Chongqing, Sanya (Hainan), Yongdeng (Gansu), et autres, des centaines de voitures de briseurs de grève sont brûlées. Parfois, la police arrête les meneurs, parfois elle négocie, comme à Chongqing, où le Secrétaire Bo Xilai vient en personne discuter : mais la solution se trouve alors freinée par l’absence de délégués élus parmi les chauffeurs : la Chine paie, pour son interdiction des syndicats libres.
A Jiangyan (Jiangsu), 2000 ouvriers d’une usine paralysent la ville, dénonçant l’envol de leur patron Ge Weiqing, avec dans sa valise, 100M¥ de leurs fonds de pension et de leurs salaires… L’usine était désuète, mal gérée. Contre cet abus qui se multiplie, la Cour Suprême permet aux tribunaux locaux de confisquer les passeports des chefs d’entreprises réputées en faillite.
A Malanzhuang (Hebei), la mairie se vit assiégée (11/11) par des paysans réclamant justice, projetant une voiture incen-diaire dans son hall. La mairie avait laissé le gang d’un certain Zhang San forcer les fermiers à lui vendre leur terre à vil prix, sans bouger, même après l’exécution d’un récalcitrant.
Ces cas et 10.000 autres, la plupart tus par la presse, reflètent l’angoisse du lendemain, le sentiment de la crise qui gagne du terrain. En plus des millions d’emplois perdus dans les faillites de firmes, les services qui en dépendent disparaissent : à l’heure du dépôt de bilan, on évite restaurant, coiffeur, avion, on congédie sa « a-mah » ou son « a-yi » (personnel de maison).
Sous un tel climat, abus de pouvoir et corruption deviennent inacceptables. L’Etat tente de faire un exemple çà et là. A Tianmen (Hubei), quatre vigiles en prennent pour 3 à 6 ans, pour avoir frappé à mort, en janvier, un petit patron qui les filmait en pleine rixe. A Yongshan (Yunnan), le chef de la police notoirement corrompu, est sous examen pour avoir trop richement marié sa fille… Mais ces réactions ont du mal à convaincre : les opprimés de longue date, osent toujours davantage réclamer leurs droits !
Sommaire N° 36