A la loupe : Deux bétonniers chinois à la conquête du monde

Trois ans de tentative de contrôle de Xugong (n°1 chinois du chariots élévateurs) par Carlyle (US) échouaient en juillet, suite au lobbying de Sany, second constructeur d’engins de BTP (1,4MM² de CA en 2007), qui réussissait ainsi, par ses appuis politiques, à enrayer la route du rival vers l’international. Depuis lors, renforcé par les travaux de Pékin-Olympique, aux 300 brevets et 28.000 employés, ayant sous sa coupe 56% du marché mondial de la pompe à béton, Sany devenu géant, ne fait lui-même rien d’autre, prenant pied en Inde et aux USA en 2007, en Europe cette année.

Sany choisit Cologne (Allemagne). Il y installe sa base logistique, une usine d’assemblage (centaines d’emplois) et un centre de recherche, pour un investissement de 100M². De là, il compte desservir les 27 Etats de l’Union Européenne et la Turquie. Entre ses pompes à béton (mobiles et stationnaires), ses grues à chenilles et ses pelles, il compte générer à terme 500M²/an de ventes. On assiste ainsi à un des premiers modèles chinois d’intégration mondialisée, où les éléments construits à Kunshan (pelles à chenille), Changsha (pompes à béton) reçoivent des moteurs Cummins ou Isuzu (aussi made in China), une hydraulique Kawazaki, avant d’être montés dans les continents de destination, portés aux normes européennes et modifiés selon les besoins locaux.

Autre stratégie chinoise de «Go global», celle de Zoomlion, à participation publique de 26%, n°2 chinois des machines de BTP. Vingt fois plus petit que Sany (1450 emplois), il n’a pas sa force de frappe dans l’innovation, mais il est riche de ses ventes intérieures en hausse de 50% par an. Aussi sa R&D, il va la chercher hors frontière, par acquisition. Soutenu par Hony, fonds privé de capital risque, il achète pour 375M², 60% de l’Italien CIFA, le n°3 mondial des machines à béton, détenteur de 20% du marché en Europe (300M² de chiffre en 2007). Suite à quoi, il espère quadrupler (de 11% à 40%) sa part d’export en deux ans, et se prémunir d’une saturation du marché immobilier chinois, attendue en 2012.

Au grand saut européen, les deux firmes se sont longuement préparées, Sany, en suivant les salons et en testant sa formule en Inde et aux US, Zoomlion en se soumettant à cinq ans de restructuration parfois délicate, tout en reprenant des firmes tels Huanggong (Shaanxi) ou Hunan Auto Axle (82% des parts). CIFA devrait lui permettre d’associer leurs atouts, l’high-tech européen et le bas salaire chinois. A cet effet, une usine CIFA se prépare à Changsha (Hunan) tandis que Zoomlion utilisera le réseau de l’Italien pour s’étendre en Russie, Inde et  Moyen-Orient.

La crise mondiale pourrait certes compromettre ces expansions à leur phase actuelle, la plus délicate. Mais gageons que les groupes  sauront trouver « au pays » la finance nécessaire.

 

 

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