Argent : Aéronautique : péril pour un moineau shanghaien

  Microsoft sort ses « écrans de la mort »

Lassé de voir des dizaines de millions d’usagers utiliser sans payer ses logiciels, Microsoft sort le canon. Depuis des mois, son programme WGA (Windows Genuine Advantage sic!) se télécharge comme «mise à jour» sur tous les PC de Chine reliés au net, détecte les systèmes d’exploitation (Vista, XP) sans licence et leur inflige un écran noir, et toutes les heures, un message embarrassant. Action qui cause le tollé! Souvent, dit l’usager, c’est le marchand qui a fraudé. Souvent aussi, c’est WGA qui se trompe, classant «pirate» le légitime. Sur le fond, l’usager trouve Microsoft trop cher -malgré la baisse récente de 80² à 23². Le groupe lui, trouve son «coup de poing» justifié. Sous deux ans, la Chine aura dépassé les USA en ventes d’ordinateurs—temps de remettre de l’ordre dans la maison. Contre Microsoft, une vague de procès s’annonce!

Hors de Chine entre-temps, le groupe de Redmond souscrit, avec Google et Yahoo, à la Global Network Initiative, code de conduite de l’humanité sur la toile, destiné à protéger «liberté d’opinion et droits privés», notamment en pays non démocratique.

Microsoft semble ainsi plus intéressé à sa propre image dans le monde qu’en Chine. Cependant, aucune de ses deux initiatives n’a de chance de plaire au pouvoir  – la seconde, en le critiquant, la première, en se substituant à la justice socialiste!

Le rail, botte secrète anti-crise de la Chine

Le rail, c’est probablement  une des armes secrètes du régime contre la crise présente. Le ministère des transports vient d’annoncer une énorme rallonge, pour son plan ferroviaire 2004-2020 : à terme 224,5MM² de dépenses. Les trois années en cours sont les plus grandes bénéficiaires, avec 103MM² qui permettront dans la période, d’allonger le réseau de 22.000km (à 100.000km). Tout en rajoutant 20.000km, la décennie suivante. De la sorte, en 2020, la Chine aura le plus long réseau de TGV du monde. « Notre réseau routier  est à peu près complet », explique la NDRC, «mais le réseau ferré a du retard ». Sur l’équivalent du tiers du réseau nord-américain, il transporte le quart du fret (et des passagers) de la planète, créant une tension maximale sur ses lignes. Des millions d’heures de travail sont perdues en travail non presté dans les mines et les usines de provinces de l’intérieur, faute de wagons pour acheminer leur marchandise, rentable au demeurant. L’effort public arrivera à point pour relancer à ces régions, tout en maintenant des millions d’emplois peu qualifiés et peu payés, pour travailleurs peu recyclables ailleurs : un plan « halte au chômage ». Un bénéficiaire incontournable est China Railway (1,68MM² en commandes de rails, gares et tunnels, 8% de son chiffre de 2007). Les équipementiers n’y perdent rien, tel Sifang, ni les étrangers Bombardier, Alstom ou Siemens, et leurs fournisseurs.     

 

 Aéronautique : péril pour un moineau shanghaïen

Air China (AC), China Eastern (CE) et China Southern (CS) perdent des fortunes, obligés de voler avec un kérosène au prix himalayen, tandis que l’usager ne vole plus, ou en classe économique. Au 3ème trimestre, tous sont «dans le rouge», 90M² pour China Southern en juillet-août, 217M² pour Air China et pire que tout, 260M² au Shanghaïen China Eastern. A cela s’ajoute la vieille rivalité entre Air China et China Eastern, Pékin et Shanghai. Fort de son réseau mondial historique (privilège de la capitale), Air China vit mieux, et en profite pour s’efforcer d’étrangler China Eastern, et reprendre son territoire. En janvier, il avait torpillé la tentative d’alliance entre China Eastern et Singapour Airlines – en surenchérissant «à vide» sur le singapourien, histoire de priver le rival de fonds et de compétence gestionnaire étrangère.

Il se trouve par ailleurs que des années en arrière, Shanghai a laisser naître un second transporteur, Shanghai Airlines, qui détient aujourd’hui 17% du marché local (37% à CE) : erreur stratégique, qui affaiblit encore davantage China Eastern et permet aujourd’hui à Air China de guigner ce petit groupe, ayant perdu 79% en bourse et 49M² depuis janvier. China Eastern aussi bien sûr, est candidat pour la reprise. Pour Air China, gagner signifierait lui ouvrir grand l’aéroport de Shanghai, fief de China Eastern, et lui permettre une concurrence systématique à ce dernier, car 70% des lignes de Shanghai Airlines sont aussi desservies par China Eastern… Air China peut donc espérer abattre «d’une pierre, deux transporteurs», raison pour laquelle on l’appelle, dans le milieu, le «Terminator».

NB : aucun des deux groupes n’a le premier renminbi pour reprendre Shanghai Airlines. Mais tout cela est avant tout politique : c’est Pékin qui décidera, avec la mairie de Shanghai, détentrice de plus de 50% des parts du moineau shanghaïen…

 

 

 

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