Wal-Mart : cap vers la distribution, et le durable
En grande distribution, la tendance est manifeste : c’est la course aux villes nouvelles, là où grandit la classe moyenne. Dès 2007, l’analyste A.T. Kearney prédisait que dix ans plus tard, les trois quarts de cette fortune s’épanouirait dans ces villes de «2ème» et de «3ème» catégorie (de moins de 5M d’habitants). Aussi retenant le message, les groupes étrangers, Carrefour, Starbucks (cafés) et Wal-Mart accélèrent leur implantation en cette Chine urbaine profonde. N°2 étranger avec 3,1MM$ de ventes, derrière Carrefour (4,3MM$), Wal-Mart a ouvert l’an dernier 30 magasins dont 3 seulement sur Shanghai, Pékin et Shenzhen. Lee Scott, son Président en est sûr : la croissance chinoise dépassera l’américaine, tendance vérifiée par les chiffres du groupe au 2d semestre : 32,2% pour la Chine, 16,9% à l’international. Par ailleurs, Wal-Mart doit faire face à un flux de critiques montantes. Pour avoir commandé l’an dernier 9MM$ de produits de grande consommation, ce roi des «prix bas tous les jours» voit se multiplier les rappels de biens made in China et frelatés, tels ces produits laitiers à la mélamine, ou ces 1,6 million de berceaux défectueux. C’est pourquoi en une action-phare, aboutissement d’années de préparatifs, le géant de Bentonville (AR) convoquait à Pékin (22/10) 1000 de ses 20.000 fournisseurs, pour leur clarifier les nouvelles règles, applicables dès janvier 2009, à titre «expérimental», puis définitif deux ans après. L’esprit est d’introduire la durabilité dans les pratiques face à l’employé, au consommateur, à l’environnement. Elles vont du respect des normes de qualité à l’économie d’énergie (éclairage, eau, emballage etc.), du respect du temps de travail et des lois sociales, au recyclage sécuritaire des déchets etc. Cet effort des PME doit être strictement audité. Ceux ayant le plus de succès dans ces efforts, se substitueront progressivement aux malchanceux ou récalcitrants, rayés des listes des fournisseurs.
NB : c’est un tournant dans le développement social: le supermarché se mue en outil contre le réchauffement global et pour la « société harmonieuse ». Applaudi par l’Etat, il vient du commerce étranger, seul à pouvoir le faire. Pas seulement Wal-Mart. Carrefour, par exemple, mène un effort parallèle, avec toutefois une différence conceptuelle: tandis que Wal-Mart, en bon anglo-saxon, applique à la Chine une stratégie globale, le Français conçoit son innovation localement, avec des nouveaux magasins super économes en énergie. Quitte à réexporter, peut-être, ces techniques vers son réseau planétaire.
Sommaire N° 34