A la loupe : Crise financière : la Chine joue l’autosatisfaction

Face à la crise financière, la Chine baigne toujours dans l’autosatisfaction : force tranquille, protégée par sa monnaie non-convertible renforcée (+15% sur l’² en 2 mois), ses 1900MM$ de réserves de change, et son bas de laine, permettant le relais de l’export vers la consommation intérieure. D’août à septembre, le commerce de détail a bondi de 23%, l’excédent a augmenté à 29,3MM$, tandis que la chute du pétrole assèche l’inflation: de 8,5% en mai à 4,9% en août, voire 3% attendus par la Banque centrale l’an prochain…

Vus de plus près pourtant, ces chiffres masquent des tendances récessionnistes. L’export calculé en US$ cache une chute de 0,5% des volumes en août. Des centaines d’usines de jouets et d’alimentaire ferment, faute de crédit et sous les scandales de qualité. De même, l’auto a reculé de 1,44% en septembre, (553.000 ventes), tout comme le luxe. Et les petites banques voient monter le niveau de leurs prêts insolvables de plus de 90 jours…

Aussi, Wang Qishan, vice 1er ministre, (le «golden boy» de l’économie chinoise) est bombardé à la tête d’une commission chargée de relâcher la gangue fiscale et réglementaire aux secteurs dans le rouge -exemple, de permettre aux municipalités de rembourser les promoteurs, pour les terrains à bâtir non utilisés. Wang doit aussi reporter à 2009 l’entrée en fonction d’infrastructures, comme ces trois raffineries géantes (dont Dushanzi, Xinjiang, CNPC, capacité d’1Mt d’éthylène/an). L’objectif général est «une politique prudente» de croissance. Les grandes entreprises d’Etat en difficulté (aviation, aluminium) pourraient être aidées en bourse de Hong Kong. Pour le monde rural aussi, des mesures très précises ont été annoncées lors du dernier Comité central (cf VdlC n°32, et aussi en page 3).

Enfin, la Chine sait, et dit qu’elle doit soutenir l’économie mondiale. Elle n’a pas le choix : tout point de PIB perdu aux USA entraîne 4,75 % de perte pour l’export chinois, et 6M de jeunes diplômés attendus en 2009 sur le marché du travail (+7%) risquent le chômage. Aussi  la Chine veut

[1] conserver ses valeurs américaines en chute libre,

[2] en acheter d’autres (d’aucuns experts américains rêvent jusqu’à 500MM$), assorties de conditions de protection de ses invests, et de pression aux non ventes d’armes à Taiwan.  

NB : cette condition-là est posée, mais sans nul espoir de réussite, à la veille du scrutin US

Une chose en tout cas semble assurée : La Chine évitera de racheter des firmes financières américaines. Elle a déjà assez perdu, et sait le terrain encore « miné » pour des années. D’autre part, de telles ventes, pour réussir, doivent être acceptées des équipes en place, et entrer dans une stratégie d’acquisition cohérente et mondiale – technique que la Chine ne maîtrise pas encore.

 

 

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